Les premières lignes·Littérature canadienne

Les premières lignes #11

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes d’un roman qui me fait de l’oeil depuis près de deux ans, au point que j’en ai fait ma dernière lecture de l’année 2023. Il s’agit du roman de Michael Christie « Lorsque le dernier arbre ».

Dans ce roman aux accents douloureux d’une canopée en voie de disparition, Michael Christie montre combien les arbres sont d’une importance vitale pour la vie sur Terre et combien l’homme est passé maître dans l’art de détruire son environnement.

Résumé

« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s’accumule, c’est tout – dans le corps, dans le monde -, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d’avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. »
D’un futur proche aux années 1930, Michael Christie bâtit, à la manière d’un architecte, la généalogie d’une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts.
2038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?

Les premières lignes

2038 … La Cathédrale arboricole de Greenwood

Ils viennent pour les arbres.

Pour respirer leurs aiguilles. Caresser leur écorce. Se régénérer l’ombre vertigineuse de leur majesté. Se recueillir dans le sanctuaire de leur feuillage et prier leurs âmes millénaires.

Depuis les villes asphyxiées de poussière aux quatre coins de globe, ils s’aventurent jusqu’à ce complexe arboricole de luxe – une île boisée du Pacifique, au large de la Colombie-Britannique – pour être transformés, réparés, reconnectés. Pour se rappeler que le coeur vert jadis tonitruant de la Terre n’a pas cessé de battre, que l’âme du vivant n’a pas encore été réduite en poussière, qu’il n’est pas trop tard, que tout n’est pas perdu. Ils viennent ici, à la Cathédrale arboricole de Greenwood, pour gober ce scandaleux mensonge, et le travail de Jake Greenwood, en tant que guide forestière, consiste à le leur servir prémâché.

Alors, tenté(e)?

British Mysteries·Côté polar·Littérature australienne

Les thés meurtriers d’Oxford 1: Chou à la crim’

C’est Michel, alias Serial Lecteur, qui m’a fait découvrir cette nouvelle série de Cosy mysteries. J’avoue avoir eu un peu peur de me lancer car j’avais été échaudée par le premier tome de la série « Petits meurtres à l’heure du thé ». Dès les premières lignes j’ai été emportée par l’histoire et les personnages.

Gemma a quitté son emploi confortable en Australie pour rentrer à Oxford ouvrir un salon de thé traditionnel, nous sommes à Oxford quand même, aidée par sa meilleure amie d’enfance, Cassie, artiste peintre en devenir, et un cuistot particulier. Pour réaliser ce rêve, Gemma a investi toutes ses économies et est contrainte de vivre chez ses parents. Pas folichon, n’est-ce pas, quand on a pris goût à l’indépendance. Tout se passe pour le mieux, malgré quelque difficultés, jusqu’au jour où un touriste américain est retrouvé, assassiné à la terrasse du salon de thé. L’horreur commence pour Gemma quand les clients désertent le salon, persuadés par les médias avides de sensationnel que le touriste a été empoisonné par les scones de Gemma.

Cette dernière refuse de se laisser abattre et tente de résoudre le mystère afin de recouvrer son honneur de pâtissière. Entre les vieilles commères du quartier, qui se mêlent de tout ce qui ne les regarde pas, son béguin d’université devenu inspecteur de police et la chatte polissonne de son chef pâtissier, terreur de la clientèle par son caractère vif et aiguisé (la chatte pas le pâtissier), les sermons de sa mère dont l’obsession est de la marier, Gemma se retrouve mêler à une enquête qui la conduira à l’université d’Oxford, où elle a été étudiante. Elle se doit de découvrir le coupable afin que ses affaires reprennent et éviter la banqueroute d’autant plus que la liste des victimes s’allonge.

« Les thés meurtriers d’Oxford » ont tout pour plaire : des personnages attachants ou agaçants, un quatuor de vieilles dames un tantinet pénibles, une héroïne que j’ai adoptée tout de suite car bien incarnée dans l’histoire, une toile de fond mythique avec l’Université d’Oxford, ses multiples Collèges, ses professeurs en tenue, son prestige intellectuel et culturel, une mère snob mais au fond sympathique, reine de l’achat en ligne, un bel inspecteur du CDI (division des enquêtes criminelles).

On sait que les anciens amoureux, Gemma et l’inspecteur Devlin, éprouvent toujours des sentiments l’un envers l’autre, on sait qu’il y aura un jeu du chat et de la souris ce qui n’empêche pas de se laisser porter par le mystère.

L’autrice H.Y Hannah réussit, de manière exquise, à faire évoluer ses personnages sans qu’ils se couvrent de ridicule, elle sait instaurer une atmosphère particulière aussi bien dans le salon de thé très cosy qu’au cœur de l’Université et de la vieille ville. L’humour so british est présent ainsi que tous les éléments d’un cosy mystery agréable à lire. La situation amoureuse de Gemma n’est pas ampoulée ni grossièrement plaquée au récit, elle est toujours attirée par son ancien amour, elle s’en défend autant qu’elle peut. Notre héroïne peut être un brin naïve sans pour autant être fade.

« Les thés meurtriers d’Oxford : chou à la crim’ » est une lecture, certes sans prétention, qui se savoure avec délice entre une tasse de thé anglais et quelques scones. J’ai été conquise, tout simplement.

Traduit de l’anglais par Diane Garo

Quelques avis :

BabelioLivraddictMuffinsandbooks  BepolarALittleBitBooks Tea PieLa Belette

   

La bibli des p'tits chats·Le jeudi, c'est poésie·Littérature française·Poésie

Le troisième jeudi, c’est poésie #4

Exceptionnellement, je poste mon poème du mois le quatrième jeudi, la semaine dernière fut très chargée et fatigante. J’ai choisi un auteur que j’apprécie beaucoup, cantonné depuis longtemps dans la catégorie poète pour écoliers, Maurice Carême. Il est né à Wavre le 12 mai 1899 et décédé à Anderlecht le 13 janvier 1978. Il est vrai que j’aime beaucoup apprendre ses poèmes à mes petits élèves. Aujourd’hui un poème hivernal.

Il a neigé

Il a neigé dans l’aube rose

Si doucement neigé

Que le chaton noir croit rêver.

C’est à peine s’il ose

Marcher.

Il a neigé dans l’aube rose

Si doucement neigé

Que les choses

Semblent avoir changé.

Et le chaton noir n’ose

S’aventurer dans le verger.

Se sentant soudain étranger

A cette blancheur où se posent,

Comme pour le narguer,

Des moineaux effrontés

Littérature française·Roman graphique/BD

Chagall en Russie, T1 et T2

Je ne suis pas une grande lectrice de BD, aussi lorsque j’ai vu, à la médiathèque, l’album « Chagall en Russie » de Joann Sfar, je n’ai pas hésité longtemps car j’aime la peinture de Chagall et j’ai été une grande lectrice de romans russes.

C’est l’histoire de Marc Chagall, un jeune homme qui ressemble au peintre sans pour autant être lui. Ce n’est pas une biographie dessinée de la vraie vie de Chagall, c’est un conte juif dont le héros porte le même patronyme que le peintre. Le jeune Marc est dessinateur, rêveur, idéaliste et désespérément amoureux d’une jeune fille. Désespérément car le père de l’amoureuse veut que sa fille épouse « un bon juif qui ait un bon métier ». Que faire ? Cesser de peindre et rentrer dans le rang pour épouser son amour ou renoncer à l’amour pour continuer à peindre ? A cette question existentielle, même le Rabi de Loubavitch ne connaît pas la réponse. Alors qu’il s’endort au bord de la rivière, Marc a des visions : celle d’un plafond peint par ses soins dans un sublime palais. Ou encore monter une pièce de théâtre pour montrer à son futur beau-père qu’il est capable de vivre, honorablement, de son art.

Avec une verve extraordinaire dans les textes, parsemés de mots et d’expressions yiddishs, Joann Sfar m’a entraînée dans une valse endiablée au cœur d’une Russie en proie aux conflits du début de la Révolution : les cosaques mènent une ultime chevauchée d’une sauvagerie quasiment burlesque, les poncifs sur les pogroms sont malmené avec brio et un humour ravageur. Sfar détaille avec drôlerie le quotidien des villages de l’époque, les préoccupations des habitants, les cosaques violents assassins sans qu’ils sachent pourquoi, ils tuent parce qu’on leur dit de tuer.

Dans le deuxième tome, Sfar met en scène le jeune Marc désireux de créer un opéra dans son village. Un quatuor invraisemblable prend vie sous nos yeux, tel le tétragramme hébreux : Marc, Jésus-Christ, Tam et le violoniste. Marc tient le pinceau, Tam le couteau sacrificiel. La sarabande continue, dans une folie surréaliste et presque mystique : tout est fouillis, tout est désordre et tout est incroyable.

Le rythme est endiablé, on suit les virevoltes et les comiques de situation avec entrain, ces folies dessinent les brutalités de la vie faites aux juifs.

« Chagall en Russie » est une biographie du peintre prenant beaucoup de liberté sa vie. Cette licence n’est pas à vilipender car grâce à elle, Sfar n’assomme pas son lecteur avec une ribambelle de faits. Les couleurs utilisées, les dessins d’animaux, certaines scènes permettent d’entrer dans l’univers du peintre et donnent envie de se replonger dans son œuvre.

Je n’ai pas été enthousiasmée au plus haut point, cependant j’ai passé un excellent moment en compagnie des personnages burlesques.

Quelques avis :

Babelio tome 1  Babelio tome 2Ma p’tite liste

Les classiques c'est fantastique·Littérature américaine·Littérature classique·Science Fiction

Chroniques martiennes

Décembre emmenait les participants aux Classiques c’est fantastique, dans le monde de la SF, des dystopies et des mondes parallèles. J’ai choisi une lecture que j’aurais du faire depuis longtemps, « Chroniques martiennes » de Ray Bradbury, recueil de nouvelles publié aux Etats-Unis en 1950 et en France en 1954.

Dans les années 45-50, le monde observait Mars, la planète rouge, fantasmait sur une possible vie extra-terrestre, découvrait les canaux et les mers de cette planète. Le monde d’alors craignait une guerre nucléaire, la dévastation de notre planète bleue. Les « Chroniques martiennes » relatent la conquête de Mars par la Terre, sa colonisation puis son dépeuplement, sous le prisme des années 45-50 aux Etats-Unis.

Chaque nouvelle est liée avec les autres par un fil rouge, celui des missions successives vers Mars. Chacune d’elle relate un épisode de cette colonisation, de la confrontation avec l’Autre, des regards portés par les colonisateurs sur une civilisation millénaire disparue. Une civilisation sophistiquée, plus portée sur la culture, les arts que sur la guerre. Une civilisation parvenue à vivre en accord avec la nature, à l’accepter comme partie intégrante de la vie. Le temps s’écoule doucement sur Mars, entre chaque expédition terrienne. Les Chroniques se déroulent entre 1999 et 2057. On ne peut s’empêcher de constater combien Ray Bradbury a touché du doigt ce que nous vivons aujourd’hui : les crises identitaire amenant au totalitarisme, alimentaire, politique, militaire ou technologique. Une prescience due à l’observation fine des sociétés humaines et de la nature humaine.

J’ai aimé chaque nouvelle des Chroniques, chaque épisode d’une conquête rêvée enfin réalisée …. mais à quel prix ! L’écriture est absolument magnifique, d’une grande poésie, bien que ne parlant pas la langue anglaise je ne peux m’empêcher de penser que le traducteur Henri Robillot a réussi un travail extraordinaire. Mars apparaît comme un monde fabuleux de connaissances, de beautés architecturales et naturelles : les canaux remplis d’une eau scintillant sous les lunes, les mers mortes mélancoliques, les villes abandonnées d’une beauté glaçante, la chaleur de la journée et le froid de la nuit, Les bateaux à voiles glissant sur le sable, tout porte à la rêverie poétique.

Une nouvelle m’a particulièrement plu : « Usher II ». Sur Terre, les livres des auteurs notamment fantastiques ont été brûlés, trente ans auparavant car jugés dangereux pour la morale qui ne tolère que le réalisme dans les écrits ou les films. William Stendahl a construit sur Mars la Maison Usher, en référence aux œuvres d’Edgar Allan Poe et reçoit la visite d’un inspecteur de l’Hygiène morale – cela ne vous rappelle pas Fahrenheit 451 ? – qui le somme de la détruire. La chute est jubilatoire et nombre de groupuscules empêcheurs de lire en rond devraient la lire et relire, tout comme la nouvelle de Poe « La chute de la Maison Usher », afin de cesser d’ennuyer le monde avec leurs inepties à deux sous.

« Garrett, dit Stendahl, savez-vous pourquoi je vous ai joué ce tour ? Parce que vous avez brûlé les livres de M.Poe sans les lire vraiment. Vous avez cru ceux qui vous affirmaient qu’il fallait les brûler. Sinon, vous auriez compris ce qui vous attendait ici quand nous sommes descendus tout à l’heure. L’ignorance est fatale, Mr Garrett. » (p 174 in « Usher II »)

Les « Chroniques martiennes » pointent du doigt l’arrogance colonisatrice de l’américain moyen, tirant sur ce qui ne lui ressemble pas, reproduisant sur une planète située à des millions d’années-lumière les villes, les us et les coutumes de l’état américain dont il est originaire. En filigrane, on peut voir également une critique de la colonisation des terres amérindiennes, c’est subtil et fort, le tout en quelques lignes.

« Demandez-moi alors si je crois à l’esprit des choses dans la mesure où elles sont servi, et je répondrai oui. Elles sont toutes autour de nous. Tout ce qui avait un rôle, nous ne pourrons jamais en tirer parti sans un sentiment de gêne. Et toutes ces montagnes avec leurs noms. Jamais elles ne nous seront familières. Nous les rebaptiserons mais leurs noms primitifs demeurent dans le passé, et les montagnes ont été modelées et contemplées sous ces anciens noms. Ceux que nous leur donnerons, comme à ces canaux ou ces villes, glisseront dessus comme l’eau sur un canard. Nous ne toucherons jamais Mars, quoi que nous fassions. Alors, nous nous mettrons en fureur et savez-vous ce qui se passera ? Nous la mettrons à sac, nous l’éventrerons, pour la refaire à notre mesure. » (p 82-83 in « Et la lune toujours brillante »)

« Chroniques martiennes » est un monument de la littérature de SF et lui donne un autre ton. La force poétique de l’écriture en fait un incontournable et ne laisse pas indifférent dans le sens où le lecteur n’oubliera jamais l’atmosphère des nouvelles.

Traduit de l’américain par Henri Robillot

Quelques avis :

BabelioSens CritiqueL’Ourse bibliophile

Lu dans le cadre

Le bilan « SF. Dystopies Mondes parallèles » est disponible chez Mokamilla.

Littérature française·Science Fiction

Le dixième vaisseau

Je suis une inconditionnelle de l’oeuvre de Pierre Bordage, même si quelques uns de ses romans n’ont pas été à la hauteur de son talent. Quand Masse Critique « Mauvais genre » de Babelio a proposé, entre autres, « Le dixième vaisseau » de Bordage, je me suis empressée de candidater pour recevoir ce titre.

Les Humains ont exploré et conquis les planètes habitées de notre galaxie Voie lactée, les frontières de l’impossible sont sans cesse repoussées au-delà de l’imagination. Des civilisations ont été écrasées par la domination terrienne, les survivantes ont choisi de se soumettre pour ne pas disparaître. L’Intelligence Artificielle est le gestionnaire privilégié des vaisseaux spatiaux et des instruments du quotidien, au point d’être en passe de supplanter l’homme. Dans un contexte de rejet de ce qui est différent, un groupe terroriste prônant le suprémacisme humain, sème la terreur sur la planète Brull, un capitaine, Livio Squirell, purgeant une peine de réclusion perpétuité pour des meurtres qu’il nie avoir commis, est « gracié » par le gouvernement pour mener une mission, quasi suicidaire, en direction du Triangle, une galaxie proche de la Voie Lactée, une jeune orpheline aux souvenirs épars et étranges, Flogg, génie de la mécanique spatiale, Tarr, un Gromb au grand cœur, Rejazz assistée d’un logiciel « Aïdo », représentante de l’Hexacratie, se retrouvent à bord de l’Esmerillo, le dixième vaisseau envoyé vers le Triangle. La mission est extrêmement périlleuse, personne n’est certain d’en revenir vivant, cependant il est impératif de savoir quel type d’activité intelligente a été détecté et évaluer son potentiel danger. Rapidement, parmi l’équipage comprenant une quarantaine d’humains et non-humains, l’ambiance se dégrade. Sollila, l’IA de l’Esmerillo, est souvent leurrée, comme si quelque chose s’était insinué dans ses programmes pour en dégrader quelques uns, des actes de sabotage sont commis, des actes d’insubordination ont lieu ainsi que des tentatives de meurtre. Qui souhaite l’échec de la mission ? Et surtout, qui a envoyé les signaux depuis la galaxie du Triangle ?

Dans « Le dixième vaisseau », Bordage met, une fois de plus, l’accent sur les relations humaines et leurs interactions. Il y a un plus avec l’existence des ENHNA (espèces non humaines et non animales), des extraterrestres comme Tarr dont les perceptions ont du mal à être comprises par les humains. Au fil du roman, l’auteur m’a renvoyée aux maux de notre société contemporaine : la différence provoquant la peur et le rejet de l’autre, l’idée véhiculée par certains qu’il y a une suprématie d’une race sur les autres, l’intolérance et le racisme. Tout cela est évoqué sans pourtant devenir une antienne moralisatrice, ce qui fait sa force.

Un autre aspect du roman m’a intéressée : la place de l’IA, appelée Sollila, dans le récit, qui devient, très vite, un personnage à part entière. Menacée par un attaquant mystérieux, la seule solution pour sauver son intégrité est qu’elle se cache en Livio, le temps pour elle de reprendre le contrôle du vaisseau après avoir débusqué le danger. Il y a des scènes extraordinaires où Sollila apprend les émotions et même l’humour au point de faire mine de rechigner à regagner son « chez elle ». Par subtile touches, Bordage aborde le transhumanisme, philosophie qui fait tant couler d’encre. Entre Sollila et Aïdo, deux courants de pensée prennent corps : les IA peuvent-elle remplacer l’Homme ou ne sont-elles que des assistants dotés d’un recul et d’une logique nécessaires pour aider à prendre la bonne décision ? Peut-on avoir une foi aveugle dans un logiciel évolué (Aïdo) comme l’a Rejazz dont on apprendra un pan de son passé surprenant. L’IA peut-elle se sacrifier pour la survie d’un être humain ?

Le thème du Messie est également au cœur du roman : Flogg n’est pas vraiment Flogg, sa véritable identité sera révélée en cours de mission. Un Messie rédempteur et sauveur d’un monde sous l’emprise d’une entité violente avec laquelle toute forme de communication est impossible. Les Ténèbres, devenues au fil des siècles, pour les habitants des planètes du Triangle, les Nbr, sorties de nulle part, attaquant et détruisant sans vergogne les mondes sur leur route, leur ôtant toute vie, animale et végétale. Qui sont les Nbr ? Un amas de cellules d’énergie destructrices ? Sont-elles le côté obscur de l’esprit humain ? Tout ce qu’il y a de sombre et de destructeur emmagasiné sous forme de nuée gigantesque ? Un avatar de la colère divine ? J’avoue que ces Nbr m’ont beaucoup intriguée d’autant plus que Bordage laisse planer le mystère sur l’origine de cette masse destructrice.

« Le dixième vaisseau » est un roman dans lequel l’auteur m’a embarquée dès les premières lignes. Il y a de multiples rebondissements, des révélations plus inattendues les unes que les autres et quelques deus ex machina incroyables. Je suis restée sur ma faim car les derniers chapitres auraient mérité d’être plus détaillés, il y avait matière à cela. Quelles relations seront instaurées entre le Triangle et La Voie Lactée ? Quel avenir pour les héros survivants ? Autant de questions sans réponse à moins qu’il n’y ait une suite.

« Le dixième vaisseau » a été une lecture plaisante, un voyage intergalactique prenant et haletant, aux accents épiques au moment voulu. Cependant, je persiste à penser que Bordage n’est jamais meilleur que lorsqu’il écrit des space-opéra comme « La Fraternité du Panca » ou des cycles magnifiques tels que « Le cycle de Wang » ou la trilogie « Les guerriers du silence ».

Merci à Babelio et Masse Crtique et aux éditions ScriNeo SF pour cette lecture passionnante.

Quelques avis :

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Le dixième vaisseau par Pierre Bordage

Le dixième vaisseau

Le dixième vaisseau

Pierre Bordage

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Les premières lignes·Littérature française

Les premières lignes #10

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes d’un roman de Carole Martinez « Du domaine des Murmures », son deuxième roman, couronné par le Prix Goncourt des Lycéens 2011.

Dans ce conte sensuel et cruel, Carole Martinez dessine l’inoubliable portrait d’une femme insoumise, vivant à la lisière du songe.

Résumé

En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui ». Contre la décision de son père, le seigneur du domaine des Murmure, elle s’offre à Dieur et exige de vivre emmurée jusqu’à sa mort. Elle ne se doute pas de ce qu’elle entraîne dans sa tombe, ni du voyage que sera sa réclusion…. Loin de gagner la solitude, la voici bientôt témoin et actrice de son siècle, inspirant pèlerins et croisés jusqu’en Terre sainte.

Aujourd’hui encore, son fantôme murmure son fabuleux destin à qui sait tendre l’oreille.

Les premières lignes

Prologue

On gagne le château des Murmures par le nord.

Il faut connaître le pays pour s’engager dans le chemin qui perce la forêt épaisse depuis le pré de la Dame Verte. Cette plaie entre les arbres, des générations d’hommes l’ont entretenue comme feu, coupant les branches à mesure qu’elles repoussaient, luttant sans cesse pour empêcher que la masse des bois ne se refermât.

La voie en proie à l’effacement, où nous marchons longtemps, résonne de cris d’oiseaux. Nous peinons un peu et poussons sur nos orteils pour décoller nos pieds du sol boueux, de la terre qui monte en pente douce. Des ronces nous agrippent aux mollets, nous griffent au visage, de petites araignées brunes courent sur la mousse entre les feuilles. Nous avançons sous une voûte végétale que seuls les rares rayons parviennent à traverser. Quelques lames lumineuses zèbrent d’or les sous-bois comme dans les enluminures d’un vieux livre de contes.

Enfin, la feuillée s’ouvre et nous débouchons sur une grande clairière, jadis ceinte d’une gigantesque palissade de troncs morts puis, deux siècles plus tard, d’un mur de moellons si haut qu’on apercevait à peine le sommet de la grosse tour par-derrière. Aujourd’hui, il ne subsiste de ces remparts que quelques ruines de vieilles courtines qui ceinturaient sur trois côtés l’éblouissante trouée où se dresse le château des Murmures.

Alors tenté(e)?

Les classiques c'est fantastique·Littérature classique·Littérature française

La Religieuse

Si le XVIIIè siècle m’était conté … tel était le thème de novembre chez les classiques c’est fantastique. Pour illustrer le propos, j’ai choisi « La Religieuse » de Diderot, un roman-mémoires édité à titre posthume en 1796. Je n’en avais lu que quelques extraits au cours de mes études puis j’ai oublié de le lire.

Que dire de ce roman sinon qu’il est extraordinaire tant il est moderne dans sa construction et outrecuidant par sa liberté de penser, d’écrire et de réflexion sur la société de l’époque. Suzanne Simonin est une jeune fille de très bonne famille, peut-être noble, belle et éduquée comme il convient : elle joue du clavecin, elle sait lire les partitions musicales, a une très belle voix et est cultivée. Elle a tout pour plaire, un peu trop car, pour éviter qu’elle ne fasse de l’ombre à ses sœurs, ses parents s’empressent de la destiner au couvent, la réclusion à perpétuité pour se débarrasser des rejetons encombrants. On apprend très vite qu’elle est une enfant adultérine et qu’elle est donc promise au couvent pour expier la faute de sa mère. Suzanne, passeport pour la rédemption de sa mère ? Le problème est que Suzanne n’a pas la vocation, bien qu’elle croie en Dieu, et refuse son enfermement. Elle sera d’abord envoyée au couvent de Longchamp où elle sera sous la tutelle de deux Mères Supérieures : Mère de Moni, la bienveillance incarnée dont le seul défaut est d’être un peu trop mystique, elle parvient à adoucir la réclusion de la jeune fille ; Soeur Sainte-Christine succède à Mère de Moni et l’atmosphère du couvent change radicalement. Très vite la nouvelle Mère Supérieure prend en aversion les favorites de sa prédécesseur qui subissent maltraitance physique et morale. Suzanne vit un calvaire sous la houlette brutale de Soeur Sainte-Christine assistée de nonnes, dont elle encourage tous les bas instincts, au point de frôler la folie. Comme Suzanne a porté plainte contre son couvent, tout au long du procès, elle subira moult violences et humiliations. Certaines nonnes prennent, sans état d’âme, l’habit du bourreau pour torturer mentalement et physiquement la jeune rebelle. Las, pour notre héroïne, elle perd son procès. Cependant, elle obtient la grâce de changer de couvent et est envoyée au cloître d’Arpajon où elle sera accueillie avec chaleur et bienveillance. La Mère Supérieure peut être aussi libérale que soudainement austère, elle a un caractère changeant et des humeurs étranges. Après les tortures subies sous les ordres de Soeur Sainte-Christine, Suzanne se voit comblée de caresses, souvent languides, par la Mère Supérieure de Saint-Eutrope, et aussi jalousée par une ancienne favorite. Toujours désireuse de quitter l’état de religieuse, Suzanne n’aura de cesse d’appeler à l’aide les personnes l’ayant assistée dans son procès, des personnes éclairées par les idées nouvelles des Lumières, des personnes portées par une philosophie de tolérance et de bienveillance envers les abus de l’Eglise. Un soir, elle s’évade et s’enfuit pour Paris où elle cherche une condition pour subvenir à ses besoins, une condition autre que dans une maison de tolérance. Suzanne est confrontée à la dure réalité que vivent les femmes loin de toute protection juridique.

« La Religieuse » de Diderot est un véritable procès contre l’enfermement conventuel auquel les familles aisées obligeaient leurs filles ou leurs fils. Dans le monde de la clôture, les Supérieurs ont tous les pouvoirs ce qui peut amener certains à laisser s’exprimer leurs pires instincts. La cruauté mentale, les tortures physiques, les humiliations font sombrer dans la folie celles qui n’ont pas l’heur de plaire. Il y a une scène terrible, celle où Suzanne interdite de messe attend, épuisée, à la porte, elle s’est couchée sur le dallage et quand les sœurs sortent, la Supérieure les invite à marcher sur le corps de la jeune fille.

« J’étais couchée à terre, la tête et le dos appuyés contre un des murs, les bras croisés sur ma poitrine, et le reste de mon corps étendu fermait le passage ; lorsque l’office finit, et que les religieuses se présentèrent pour sortir, la première s’arrêta tout court ; les autres arrivèrent à sa suite ; la supérieure se douta de ce que c’était et dit :

« Marchez sur elle, ce n’est qu’un cadavre. »

Quelques unes obéirent et me foulèrent aux pieds ; d’autres furent moins inhumaines ; mais aucune n’osa me tendre la main pour me relever. » (p 294)

C’est vivre un enfer dans un lieu consacré à Dieu que d’être privé de tout : linge de toilette, eau, nourriture, rosaire, bible, accès aux cabinets d’aisance, absence de literie et de vêtements de rechange et vivre dans la plus grande solitude.

Diderot dénonce une autre part d’ombre observée dans les couvents : les tendresses dites contre nature. La Supérieure de Saint-Eutrope s’entiche de ses moniales, les aiment plus que de raison. Suzanne est désarçonnée par ce comportement sans pour autant penser à mal, elle qui ne fut pas aimée de sa mère et fut torturée par Soeur Sainte-Christine. Elle ne peut rejeter la tendresse intrusive de sa nouvelle supérieure.

« La Religieuse » est un réquisitoire envers la violence faite aux moniales qui n’ont pas choisi leur état. L’enfermement des personnes provoque des dérives allant du mysticisme au sadisme le plus odieux en passant par les amours contre nature, autrement dit l’homosexualité. La religion et les dogmes peuvent couper les plus croyants de la vie réelle. Or, en enfermant le corps, n’emprisonne-t-on pas l’esprit au point qu’il n’ait plus accès à son libre-arbitre ? Perdre sa liberté individuelle est une catastrophe pour Diderot pour qui elle est sacrée. Osa-t-il franchir le pas, avec « La Religieuse », de dire que la religion est un moyen d’aliéner l’esprit ? S’il ne l’exprime pas de manière explicite, certains passages invitent à le penser d’autant que chaque débordement de la part des mères supérieures les conduisent à la mort, teintée de folie.

Il n’empêche qu’au-delà des accusations envers une société fermée aux bruits et aux évolutions du monde intellectuel et scientifique, « La Religieuse » est un roman, un vrai roman, qui se lit facilement grâce aux émotions que les mots et le style de Diderot font passer. Les personnages sont bien incarnés, on éprouve de l’empathie ou de la détestation pour eux, alors que le roman en est à ses prémices, les dialogues rondement menés, le tout est doté de la force d’évocation des mots et du rythme des phrases. J’étais abasourdie devant la cruauté, j’en suis sûre à peine exagérée, de Soeur Sainte-Christine digne d’un démon officiant dans un goulag ou un camp de concentration.

« La Religieuse » a scandalisé, forcément, à sa sortie au même titre que le film de Rivette, en 1966, qui fut censuré. C’est qu’il y a dans ce brillant texte beaucoup de vérités qui dérangent.

Quelques avis :

Babelio

Lu dans le cadre

Le bilan « Si le XVIIIè siècle m’était conté » chez Fanny

La bibli des p'tits chats (ados)·Littérature française

Mémoires de la forêt T1

Dans la forêt de Bellécorce, au creux d’un vieux chêne, Archibald Renard tient la librairie familiale. Chaque animal peut venir déposer son manuscrit pour la vente ou acheter le livre qui lui plaît.

Un jour, Ferdinand Taupe vient à la librairie pour récupérer son manuscrit, compilation de ses souvenirs, pour se rappeler de Maude, son épouse adorée que la maladie de l’Oublie-tout efface chaque jour davantage. « Les mémoires d’outre-terre » n’existe qu’en un seul et unique exemplaire acheté, peu de temps auparavant par un mystérieux client.

C’est la catastrophe pour Ferdinand Taupe qui perd tous ses moyens, tournoyant entre les rayonnages, semant le chaos avec la demi coquille de noix accrochée sur son dos. N’écoutant que son bon cœur, Archibald Renard décide d’aider son vieil ami à retrouver l’acheteur grâce à de vieilles photographies. Un périple semé de surprises, de belles rencontres et souvenirs remontant des limbes de la mémoire, les attend.

« Mémoires de la forêt, les souvenirs de Ferdinand Taupe » est un roman magnifique dans lequel l’auteur, Michaël Brun-Arnaud, aborde de nombreux thèmes, légers ou graves, avec une grande délicatesse et beaucoup de tendresse. Ainsi, la maladie de l’Oublie-tout explique-t-elle le délitement de la mémoire chez les personnes atteintes d’Alzheimer. Par touches délicates et émouvantes, le roman décrit les peurs de Ferdinand, provoquées par la disparition de certains souvenirs, par l’oubli des noms et des visages ce qui engendre, chez lui, des accès de colère et de violence. Archibald Renard entoure Ferdinand de toute son affectueuse amitié, de toute sa patience et sa tendresse, acceptant les sautes d’humeur et les gestes désordonnés de la pauvre taupe au désespoir. Chaque perte de mémoire est douloureuse pour Ferdinand Taupe comme elle fait souffrir Archibald qui se retrouve confronté à ses nombreux excès. La gestion des émotions en pleine débâcle chaotique est un art délicat demandant une inépuisable empathie de la part de l’aidant.

Les thèmes de l’amour, conjugal et filial, et du deuil sont également au cœur du roman. Chaque photographie est un volet de la vie amoureuse de Ferdinand et de son épouse Maude, chacune des étapes est retrouvée avec l’émotion qui déroule les souvenirs des marmottes du salon de thé célèbre pour leur tarte aux amaudes, du chef d’orchestre bougon dont la Lettre à Maude fut un triomphe, de la poule offrant résidence aux écrivains connus et moins connus, qui offrit une plume et de l’encre à Ferdinand pour le sortir de son marasme.

« Mémoires de la forêt, les souvenirs de Ferdinand Taupe » se lit en savourant chaque chapitre. Il ne se dévore pas, non du tout car je ne voulais pas quitter trop vite les personnages auxquels leur auteur a su donner de l’épaisseur, de la personnalité au point que j’ai rapidement oublié que les héros étaient des animaux. Le texte est mis en valeur par les délicieuses illustrations de Sanoe qui m’ont emmenée, l’air de rien, dans un univers empreint de merveilleux.

Un roman jeunesse à offrir et à lire sans modération tant tout se savoure au gré des chapitres et au fil des clins d’oeil humoristiques.

Un coup de cœur !

Quelques avis :

Babelio Les voyages de Ly Amandine Lylou Sophie Hérisson Plume volage Pépita

Les premières lignes·Littérature japonaise

Les premières lignes #9

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes d’un roman de Jirô Asada, un écrivain japonais qui excelle dans des registres aussi divers que les romans historiques, les fictions contemporaines, les nouvelles ou les essais. J’ai choisi « Le roman de la Cité interdite », édité en 1996 au Japon et 2000 en France aux éditions Philippe Picquier. Ce roman est un pavé de 958 pages passionnant.

« Asada Jirô, né à Tokyo en 1951, a eu une jeunesse pour le moins agitée. Disciple de Mishima, il s’engage dans les forces d’autodéfense après le suicide de l’écrivain. A l’école de la chair, du baroque et de la barbarie raffinée, l’élève Jirô égale le maître Yukio. Il a reçu en 1997 le prestigieux prix Naoki pour son roman Le Cheminot. » (cf site web des éditions Picquier)

Résumé

An 12 de la dynastie chinoise des Ts’ing…. à Tchouen-yun, le petit ramasseur de crottin, la vieille sorcière Pai Taitai a prédit qu’un jour « tous les trésors existant sous le ciel se trouveraient entre ses mains »; et à Wen-sieou, le cadet de bonne famille, que lui reviendrait « l’écrasant destin de soutenir l’empereur ».

Aidé par les eunuques de la ruelle des Vieux Nobles, Tchouen-yun pénètrera dans le gynécée de la redoutable impératrice Tseu-hi, par delà les neufs enceintes de la Cité Interdite. Son destin e celui de Wen-sieou croiseront les destinées des plus hautes figures de la cour et se trouveront mêlés aux soubresauts de la fin de l’empire mandchou.

Les premières lignes

An 12 de l’ère Kouang-siu, sous la dynastie des Ts’ing. Hiver 18866 selon le calendrier occidental…

« Li Tchouen-yun, fils d’une pauvre veuve du village de Liang-kia-t’ouen! Petit Li, malheureux enfant qui subsiste en ramassant le crottin de cheval gelé sur les routes! Rien ne t’oblige à m’écouter. Mais si tu veux savoir, ouvre grand tes oreilles rongées de dermatose! Et tant pis si tu n’entends pas bien ma voix chevrotante de vieille femme malade. Je te dirai ton destin tel qu’il se déroulera, car tu n’as d’autre choix que de t’y conformer.

Petit Li, quatrième fils de la misérable famille Li! Tu es né le 11 octobre de l’an 2 de l’ère Kouang-siu. J’ai ici la carte du ciel indiquant la position des vingt-huit maisons célestes cette nuit-là. Tant pis si tu ne comprends pas. Il s’agit de la configuration exactes des étoiles à l’instant où tu es sorti du ventre de ta mère. Tu es sous la protection de la constellation barbare de la Pléiade. La nuit de ta naissance, le manche du Grand Chariot séparant le ciel et la terre s’est tourné vers la Pléiade, qui scintillait au sommet du ciel, comme pour lui ordonner de cueillir dans cette louche céleste le Palais Pourpre où réside l’Empereur de Jade.

Petit Li, misérable ramasseur de crottin! Je te l’assure, tous les trésors existant sous le ciel se trouveront un jour rassemblés entre tes mains!

Alors tenté(e)?