Les premières lignes·Littérature américaine

Les premières lignes #13

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes d’un roman qui m’a beaucoup plu, lu dans le cadre du challenge « En sortir 23 pour 2023 », « Mille femmes blanches » de Jim Fergus. Le roman m’attendait depuis des années sur une étagère de la bibliothèque, sa lecture fut extraordinaire. Par contre, je dois en écrire la chronique.

Résumé

En 1874, à Washington, le président Grant accepte la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l’intégration du peuple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart viennent en réalité des pénitenciers et des asiles… l’une d’elles, May Dodd, apprend sa nouvelle vie de squaw et les rites des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l’alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, elle assiste à l’agonie de son peuple d’adoption…

Les premières lignes

Quand j’étais petit, à Chicago, je prenais un malin plaisir à raconter le soir à mon jeune frère Jimmy toute sorte d’histoires à faire peur à propos de notre ancêtre dérangée, May Dodd. Celle-ci, après avoir été internée dans un asile de fous, s’était enfuie pour vivre chez les Indiens – c’est du moins l’étoffe relativement vague, mais facile à broder, d’une légende familiale tenue secrète.

Nous habitions Lake Shore Drive et, à cette époque, la famille, héritière de « longue » date, était encore fort riche. Notre fortune et notre dynastie avaient été bâties par notre arrière-arrière-grand-père J.Hamilton Dodd. Jeune homme au milieu du XIXè siècle, il avait commencé à labourer les vastes prairies autour de Chicago, parmi les plus fertiles du monde, pour cultiver ses céréales. « Papa », comme l’appellent encore ses descendants, était l’un des fondateurs des Comptoirs de Chicago; il fut l’ami, le copain, le partenaire ou le concurrent de tous les grands entrepreneurs de cette métropole du Midwest alors en plein essor – parmi eux, Cyrus McCormick, l’inventeur de la moissonneuse, Philip Armour et Gustavus Swift, célèbres conservateurs de viande de porc et de boeuf, ou les frères bûcherons Charles et Nathan Mears, qui achetèrent et détruisirent à eux seuls toutes les vieilles forêts de pins du Michigan.

Personne dans la famille ne nous a jamais vraiment parlé de notre arrière-grand-mère May. Au sein des classes aisées, la folie d’un aïeul est pour tous un sujet de profond embarras. Bien des générations plus tard, une fois les mâchoires acérées des « anciens » gros requins de l’industrie et de la finances largement émoussées par une éducation privilégiée dans les clubs de la haute bourgeoisie et des grandes universités privées du Nord-Est, personne chez nous n’avoue encore être directement issu d’une aïeule folle. Dans l’histoire familiale, pour régulièrement revue et augmentée, May Dodd ne représente au plus qu’une note de bas de page: « Naissance le 23 mars 1850 … deuxième fille de J.Hamilton et Hortense Dodd. Internée à l’âge de 23 ans pour troubles nerveux. Décès à l’hôpital le 17 février 1876. » C’est tout.

Alors tent(é)e?

Les premières lignes

Les premières lignes #12

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes d’un roman qui m’avait beaucoup plu, lu dans le cadre Les classiques, c’est fantastique, « Vingt mille lieues sous les mers » de Jules Verne. Une épopée sous-marine extraordinaire, une aventure fascinante et prenante.

Résumé

Un monstre marin, « une chose énorme », ayant été signalé par plusieurs navires à travers le monde, une expédition est organisée sur l’Abraham Lincoln, frégate américaine, pour purger les mers de ce monstre inquiétant. À bord se trouvent le Français Pierre Aronnax, professeur au Muséum de Paris, et Conseil, son fidèle domestique.
Une fois parvenus en vue du monstre, deux immenses trombes d’eau s’abattent sur le pont de la frégate, précipitant Aronnax, Conseil et le harponneur canadien Ned Land sur le dos du monstre… qui s’avère être un fabuleux sous-marin, le Nautilus, conçu et commandé par un étrange personnage, le capitaine Nemo, qui paraît farouchement hostile à toute l’humanité !
Condamnés à ne plus jamais revoir leur patrie, leurs parents, leurs amis, la plus extraordinaire aventure commence pourtant pour les trois hommes…
La mer était une passion pour Jules Verne ; c’est elle l’héroïne de Vingt mille lieues sous les mers, l’un de ses meilleurs et plus célèbres romans.

Les premières lignes

L’année 1866 fut marquée par un événement bizarre, un phénomène inexpliqué et inexplicable que personne n’a sans doute oublié. Sans parler des rumeurs qui agitaient les populations des ports et surexcitaient l’esprit public à l’intérieur des continents, les gens de mer furent particulièrement émus. Les négociants, armateurs, capitaines de navires, skippers et masters de l’Europe et de l’Amérique, officiers des marines militaires de tous pays, et, après eux, les gouvernements des divers Etats des deux continents, se préoccupèrent de ce fait au plus haut point.

En effet, depuis quelques temps, plusieurs navires s’étaient rencontrés sur mer avec « une chose énorme », un objet long, fusiforme, parfois phosphorescent, infiniment plus vaste et plus rapide qu’une baleine….

Alors, tent(é)e

Les premières lignes·Littérature canadienne

Les premières lignes #11

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes d’un roman qui me fait de l’oeil depuis près de deux ans, au point que j’en ai fait ma dernière lecture de l’année 2023. Il s’agit du roman de Michael Christie « Lorsque le dernier arbre ».

Dans ce roman aux accents douloureux d’une canopée en voie de disparition, Michael Christie montre combien les arbres sont d’une importance vitale pour la vie sur Terre et combien l’homme est passé maître dans l’art de détruire son environnement.

Résumé

« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s’accumule, c’est tout – dans le corps, dans le monde -, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d’avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. »
D’un futur proche aux années 1930, Michael Christie bâtit, à la manière d’un architecte, la généalogie d’une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts.
2038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?

Les premières lignes

2038 … La Cathédrale arboricole de Greenwood

Ils viennent pour les arbres.

Pour respirer leurs aiguilles. Caresser leur écorce. Se régénérer l’ombre vertigineuse de leur majesté. Se recueillir dans le sanctuaire de leur feuillage et prier leurs âmes millénaires.

Depuis les villes asphyxiées de poussière aux quatre coins de globe, ils s’aventurent jusqu’à ce complexe arboricole de luxe – une île boisée du Pacifique, au large de la Colombie-Britannique – pour être transformés, réparés, reconnectés. Pour se rappeler que le coeur vert jadis tonitruant de la Terre n’a pas cessé de battre, que l’âme du vivant n’a pas encore été réduite en poussière, qu’il n’est pas trop tard, que tout n’est pas perdu. Ils viennent ici, à la Cathédrale arboricole de Greenwood, pour gober ce scandaleux mensonge, et le travail de Jake Greenwood, en tant que guide forestière, consiste à le leur servir prémâché.

Alors, tenté(e)?

Les premières lignes·Littérature française

Les premières lignes #10

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes d’un roman de Carole Martinez « Du domaine des Murmures », son deuxième roman, couronné par le Prix Goncourt des Lycéens 2011.

Dans ce conte sensuel et cruel, Carole Martinez dessine l’inoubliable portrait d’une femme insoumise, vivant à la lisière du songe.

Résumé

En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui ». Contre la décision de son père, le seigneur du domaine des Murmure, elle s’offre à Dieur et exige de vivre emmurée jusqu’à sa mort. Elle ne se doute pas de ce qu’elle entraîne dans sa tombe, ni du voyage que sera sa réclusion…. Loin de gagner la solitude, la voici bientôt témoin et actrice de son siècle, inspirant pèlerins et croisés jusqu’en Terre sainte.

Aujourd’hui encore, son fantôme murmure son fabuleux destin à qui sait tendre l’oreille.

Les premières lignes

Prologue

On gagne le château des Murmures par le nord.

Il faut connaître le pays pour s’engager dans le chemin qui perce la forêt épaisse depuis le pré de la Dame Verte. Cette plaie entre les arbres, des générations d’hommes l’ont entretenue comme feu, coupant les branches à mesure qu’elles repoussaient, luttant sans cesse pour empêcher que la masse des bois ne se refermât.

La voie en proie à l’effacement, où nous marchons longtemps, résonne de cris d’oiseaux. Nous peinons un peu et poussons sur nos orteils pour décoller nos pieds du sol boueux, de la terre qui monte en pente douce. Des ronces nous agrippent aux mollets, nous griffent au visage, de petites araignées brunes courent sur la mousse entre les feuilles. Nous avançons sous une voûte végétale que seuls les rares rayons parviennent à traverser. Quelques lames lumineuses zèbrent d’or les sous-bois comme dans les enluminures d’un vieux livre de contes.

Enfin, la feuillée s’ouvre et nous débouchons sur une grande clairière, jadis ceinte d’une gigantesque palissade de troncs morts puis, deux siècles plus tard, d’un mur de moellons si haut qu’on apercevait à peine le sommet de la grosse tour par-derrière. Aujourd’hui, il ne subsiste de ces remparts que quelques ruines de vieilles courtines qui ceinturaient sur trois côtés l’éblouissante trouée où se dresse le château des Murmures.

Alors tenté(e)?

Les premières lignes·Littérature japonaise

Les premières lignes #9

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes d’un roman de Jirô Asada, un écrivain japonais qui excelle dans des registres aussi divers que les romans historiques, les fictions contemporaines, les nouvelles ou les essais. J’ai choisi « Le roman de la Cité interdite », édité en 1996 au Japon et 2000 en France aux éditions Philippe Picquier. Ce roman est un pavé de 958 pages passionnant.

« Asada Jirô, né à Tokyo en 1951, a eu une jeunesse pour le moins agitée. Disciple de Mishima, il s’engage dans les forces d’autodéfense après le suicide de l’écrivain. A l’école de la chair, du baroque et de la barbarie raffinée, l’élève Jirô égale le maître Yukio. Il a reçu en 1997 le prestigieux prix Naoki pour son roman Le Cheminot. » (cf site web des éditions Picquier)

Résumé

An 12 de la dynastie chinoise des Ts’ing…. à Tchouen-yun, le petit ramasseur de crottin, la vieille sorcière Pai Taitai a prédit qu’un jour « tous les trésors existant sous le ciel se trouveraient entre ses mains »; et à Wen-sieou, le cadet de bonne famille, que lui reviendrait « l’écrasant destin de soutenir l’empereur ».

Aidé par les eunuques de la ruelle des Vieux Nobles, Tchouen-yun pénètrera dans le gynécée de la redoutable impératrice Tseu-hi, par delà les neufs enceintes de la Cité Interdite. Son destin e celui de Wen-sieou croiseront les destinées des plus hautes figures de la cour et se trouveront mêlés aux soubresauts de la fin de l’empire mandchou.

Les premières lignes

An 12 de l’ère Kouang-siu, sous la dynastie des Ts’ing. Hiver 18866 selon le calendrier occidental…

« Li Tchouen-yun, fils d’une pauvre veuve du village de Liang-kia-t’ouen! Petit Li, malheureux enfant qui subsiste en ramassant le crottin de cheval gelé sur les routes! Rien ne t’oblige à m’écouter. Mais si tu veux savoir, ouvre grand tes oreilles rongées de dermatose! Et tant pis si tu n’entends pas bien ma voix chevrotante de vieille femme malade. Je te dirai ton destin tel qu’il se déroulera, car tu n’as d’autre choix que de t’y conformer.

Petit Li, quatrième fils de la misérable famille Li! Tu es né le 11 octobre de l’an 2 de l’ère Kouang-siu. J’ai ici la carte du ciel indiquant la position des vingt-huit maisons célestes cette nuit-là. Tant pis si tu ne comprends pas. Il s’agit de la configuration exactes des étoiles à l’instant où tu es sorti du ventre de ta mère. Tu es sous la protection de la constellation barbare de la Pléiade. La nuit de ta naissance, le manche du Grand Chariot séparant le ciel et la terre s’est tourné vers la Pléiade, qui scintillait au sommet du ciel, comme pour lui ordonner de cueillir dans cette louche céleste le Palais Pourpre où réside l’Empereur de Jade.

Petit Li, misérable ramasseur de crottin! Je te l’assure, tous les trésors existant sous le ciel se trouveront un jour rassemblés entre tes mains!

Alors tenté(e)?

Les premières lignes·Littérature allemande

Les premières lignes #8

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes du roman de Katharina Hagena « Le Goût des pépins de pomme ».

Résumé

A la mort de Bertha, ses trois filles et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, Bootshaven, dans le nord de l’Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison. Bibliothécaire Fribourg, elle n’envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu’elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin, ses souvenirs font resurgir l’histoire émouvante et tragique de trois générations de femmes.

Les premières lignes

Tante Anna est morte à seize ans d’une pneumonie qui n’a pas guéri parce que la malade avait le coeur brisé et qu’on ne connaissait pas encore la pénicilline. La mort survint un jour de juillet, en fin d’après-midi. Et l’instant d’après, quand Bertha, la soeur cadette d’Anna, se précipita en larmes dans le jardin, elle constata qu’avec le dernier souffle rauque d’Anna toutes les groseilles rouges étaient devenues blanches. C’était un grand jardin, les nombreux vieux groseilliers ployaient sous les lourdes grappes. Elles auraient du être cueillies depuis longtemps, mais lorsqu’Anna était tombée malade, personne n’avait plus songé aux baies. Ma grand-mère m’en a souvent parlé car c’est elle, l’époque, qui a découvert les groseilles endeuillées. Il n’y avait plus depuis lors que des groseilles noires et blanches dans le jardin de grand-mère, et toutes les tentatives ultérieures visant à y réintroduire des groseilliers rouges se sont soldées par un échec, leurs branches ne portaient que des baies blanches. Mais cela ne dérangeait personne, les blanches étaient presque aussi savoureuses que les rouges, quand on les pressait pour en extraire le jus, le tablier n’en souffrait pas trop, et la pâle gelée que l’on obtenait luisait de reflets d’une mystérieuse transparence. Comme « des larmes en conserve », disait ma grand-mère. Et aujourd’hui encore, on trouvait sur les étagères de la cave des bocaux de toutes les tailles avec de la gelée de groseilles de 1981, un été particulièrement riche en larmes, le dernier été de Rosemarie. En quête de cornichons au vinaigre, ma mère est tombée un jour sur un bocal de 1945 contenant les premières larmes d’après-guerre. Elle en a fait cadeau à l’Association pour la sauvegarde des moulins, et lorsque je lui ai demandé pourquoi elle donnait la délicieuse gelée de grand-mère à un écomusée, elle a déclaré que les larmes contenues dans ce bocal étaient trop amères.

Alors tenté(e)?

Les premières lignes·Littérature française·Science Fiction

Les premières lignes #7

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes du roman de Jean-Marc Ligny « Aqua TM ».

Résumé

Alors qu’en Europe des dizaines de milliers de personnes meurent noyées sous les flots lâchés par une digue qu’un groupuscule terroriste a fait sauter aux Pays-Bas, en Afrique, la pénurie d’eau décime les populations. L’eau, enjeu de toutes les convoitises. L’eau, qui existerait en grande quantité à deux cent cinquante mètres de profondeur au coeur du Burkina Faso, peut-être le plus pauvre des Pays les plus pauvres. L’eau, qu’Anthony Fuller, patron d’un consortium américain, va tenter de s’approprier au mépris de toutes les lois internationales

Premières lignes

Prologue: EAU, VENT, POUSSIERE

… Voici les sujets que nous aborderons au cours de notre flash météo offert par AirPlus, l’air sain de vos logis. Les îles Britanniques font le gros dos sous l’ouragan de force 12 qui a abordé les côtes il y a un peu plus d’une heure, on compté déjà une trentaine de victimes: notre fait du jour. Les Pays-Bas renforcent leurs digues et se préparent tant bien que mal résister: nos conseils pratiques. Treizième mois de sécheresse en Andalousie, les derniers orangers se meurent: notre dossier spécial société. En Italie, des millions de méduses mutantes s’échouent en ce moment sur les côtes de l’Adriatique, leur venin peut être mortel: notre reportage exclusif. Enfin, si vous circulez dans les Alpes, prenez garde aux glissements de terrain, de nombreuses routes sont coupées: le point sur la situation. Mais tout d’abord quelques flashs de notre sponsor Green Links. Restez avec nous sur EuroSky, la météo de votre région en temps réel!

Alors tenté(e)?

Les premières lignes·Littérature française

Les premières lignes #6

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes du roman d’Hubert Haddad « Premières neiges sur Pondichéry ».

Résumé

Violoniste virtuose, Hochéa Meintzel accepte l’invitation d’un festival de musique carnatique à Chennai, en Inde du Sud. Blessé dans sa chair par un attentat, c’est avec l’intention de ne plus revenir qu’il quitte Jérusalem. Après une équipée cahotante qui le mène de Pondichéry à la côte de Malabar, il trouve refuge à Fort Cochin, un soir de tempête, au sein de l’antique synagogue bleue. En un tour de force romanesque, Premières neiges sur Pondichéry nous plonge dans un univers sensoriel extrême, exubérant, heurté, entêtant, à travers le prisme d’un homme qui porte en lui toutes les musiques du monde, et accueille l’inexorable beauté de tous ses sens.  

Premières lignes

Madras la nuit – poix et goudron. L’air a une épaisseur d’huile. Une puissante odeur de putréfaction chargée de poussière et de cendres animales s’infiltre sous l’épiderme, dans la gorge et les bronches. A Jérusalem, pendant des années, chaque dimanche, il avait traversé un marché arabe sous un soleil nimbé d’étincelles. Les crieurs d’agrumes le saluaient. La foule s’ouvrait avec des froissements d’étoffe. Les éclats de voix se répondaient, proches et lointaines. On s’apostrophait du fond du temps. On plaisantait et riait d’un étage à l’autre de la tour de Babel. C’était avant la multiplication des attentats, avant le mur. Yitzhak Rabin n’avait pas encore été assassiné par un juif orthodoxe. On pouvait espérer un règlement pacifique du conflit. Certains jours de fête, les voix dans les rues se mêlaient avec une espèce d’harmonie. L’hébreu et l’arabe, le yiddish, le copte ou l’arménien, les langues tissaient ensemble de vieilles connivences.

Alors tenté(e)?

Les premières lignes·Littérature française

Les premières lignes #5

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes du roman d’Aline Kiner « La nuit des béguines ».

Résumé

Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l’arrivée d’une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d’un inquiétant franciscain… Alors que le spectre de l’hérésie hante royaume, qu’on s’acharne contre les Templiers et qu’en place de Grève on brûle l’une des leurs pour un manuscrit interdit, les Béguines de Paris vont devoir se battre.

Premières lignes

1er juin 1310

N’était le silence, on pourrait croire que c’est jour de fête. Il y a foule, place de Grève, ce lundi précédant l’Ascension. Tous les habitants de la cité. Les marchands et les commis, les bourgeois et les artisans, les écoliers et les clercs, les ribaudes, les sans-feu, les gagne-deniers et les manoeuvres venus louer leurs bras sur le port. La chaleur des corps pressés, leur odeur. Peaux crasseuses, souffles corrompus, mêlant leurs exhalaisons aux remugles venus de la rue des tanneurs et parfum fangeux du fleuve. Dans les embrasures des belles demeures qui entourent la place se tiennent, debout, les dames et les gentilhommes vêtus de couleurs vives.

Les appels et les cris, les chants de force des bateliers et des portefaix se sont tus en une longue vague refluante. Derrière la rumeur de la piétaille, on ne perçoit que le claquement du bois sur la pierre – les bateaux heurtant leur panse contre la grève – et le clapot de l’eau, menu, pressé.

Tous ont les yeux rivés sur le centre de la place, où se dresse un bûcher presque semblable à ceux qu’on élève en ce même endroit pour les fêtes de carnaval et de la Saint-Jean. Mais au lieu des masques dansants et des jeunes apprentis bondissant par-dessus les flammes, c’est une femme que l’on voit grimper sur ce bûcher, pieds nus à même les fagots, cheveux noirs et longue chemise plaqués au corps.

Alors, tenté(e)?

Les premières lignes·Littérature française·Science Fiction

Les premières lignes #4

Sur une idée de Ma lecturothèque, chaque semaine je prends un livre dans ma bibliothèque et je recopie ses premières lignes.

Aujourd’hui, les premières lignes du premier tome de « Les ours de la forêt bretonne », premier roman de mon amie Clémence Le Goff.

Résumé

Anne Gautier, jeune thésarde habituée aux succès universitaires, tente de se remettre d’une grave dépression en se réfugiant dans le hameau de son enfance, au coeur de la Bretagne. Quand la pandémie se déclare, elle se confine en compagnie d’un chat qui s’est installé chez elle. Dans le potager qu’elle cultive pour passer le temps, un os attire un jour son attention. Alors qu’elle se penche pour le ramasser, elle se retrouve projetée dans un monde aux villes inexistantes et aux forêts peuplées d’ours. Elle y fera la rencontre de la Dame, de ses filles et de son fils François, auxquels l’attachent de liens dont la découverte bouleversera sa vie et changera le monde.

Premières lignes

Je ne voulais plus évoquer son nom, ni même son image. C’était un salaud intégral. Je ne voulais plus. Et pourtant, il s’imposait régulièrement à moi. Ce devait être la fatigue. J’étais vraiment très fatiguée, depuis que nous avions rompu. Le sommeil me fuyait. Des cauchemars récurrents me dressaient assise dans mon lit, en nage, quasiment toutes les nuits. Il y avait son visage, dont je connaissais par coeur la moindre ridule, la plus petite imperfection, cette plage glabre entre ses deux sourcils fournis, le creux dans sa barbe, là où une cicatrice empêchait la pousse des poils. Ce visage se déformait, la peau se tirait, dessinait des reliefs; les orbites se vidaient dans un flot de matières aqueuses qui me dégoulinaient dessus, tandis qu’un hurlement strident me perçait les tympans. C’est là que je m’éveillais. Mon cerveau fuyait cette horreur en s’offrant un ticket retour vers la réalité.

A vrai dire, ce n’était pas mon seul cauchemar. Je savais qu’il y en avait d’autres, précédant celui-là. Quelque chose me disait que, si je parvenais à en attraper quelques bribes, à reconstituer le fil qui hantait mes nuits, je m’en sortirais. Je n’en avais pas parlé au psychiatre, ni à la psychologue. Je n’aimais pas ces gens-là, considérant qu’il faut être soi-même particulièrement tordu pour choisir ce type de métier. J’avais hérité cette phobie des psys de ma mère et m’y raccrochais comme à tout ce qui me restait d’elle.

Alors, tenté(e)?