En ce 8 mai 2024, le thème des bulles de la semaine était tout trouvé : la seconde guerre mondiale. J’ai choisi de lire un roman graphique de Raphaël Meltz, Louise Moaty et de Simon Roussin sur un des premiers groupes de résistance française, celui du Musée de l’homme. « Des vivants » relate son histoire de sa création au lendemain de la signature de l’armistice par le Maréchal Pétain en 1940 jusqu’à son démantèlement, en 1942, par l’occupant.
Le réseau de résistance du Musée de l’Homme a été le premier à se structurer et à avoir des ramifications un peu partout en France. Les auteurs nous font suivre le parcours de ses membres, les moyens mis en œuvre pour résister et ne pas plier.
On voit les chercheurs et les employés du Musée partir au front pour la drôle de guerre, puis certains revenir pour entrer dans la clandestinité. Le réseau est fait d’hommes et de femmes de toutes conditions sociales, de toutes confessions, de toutes opinions politiques, refusant de baisser les bras et d’accepter l’inacceptable. Ils seront à l’origine d’actions concrètes telles que la rédaction et la publication d’un journal clandestin, l’évasion de soldats anglais ou de prisonniers souhaitant rejoindre l’Angleterre et de Gaulle. Ils s’appelaient Germaine Tillon, Boris Vildé, Yvonne Odon, Anatole Lewitsky, ils croyaient en leurs idées, à l’image d’une France refusant la fatalité ; ils croyaient au bien-fondé de leur combat, ils croyaient au savoir et à son universalité, ils croyaient en l’humanité, en l’intelligence, ils croyaient à la culture dans sa riche pluralité.
Les auteurs offrent le récit d’une période historique tragique et porteuse d’intenses émotions dans une démarche historique rigoureuse. Tout ce qui est relaté, écrit, est véridique : ce sont les mots prononcés par les membres du réseau, rien n’est inventé ou enjolivé, c’est ce qui fait la force du roman, un roman d’une grande sincérité. Ils donnent la parole à des personnes héroïques, oublieux d’eux-mêmes au nom de la liberté.
« Des vivants » est aussi un bel objet-livre : il a un dos toilé, un grammage parfait et les planches sont d’une beauté incroyable. Chaque personnage a son identité graphique, la palette de couleurs choisies (vert, violet et orange) donne une profondeur au récit et lui apporte une très forte dimension dramatique. Les planches relatant la détention des membres arrêtés sont poignantes et belles.
Ce fut une lecture forte, poignante que je n’oublierai pas de sitôt : la compagnie de ces héros, qui ignoraient leur courage jusqu’à l’Occupation allemande, était édifiante sans que les auteurs ne se posent en donneurs de leçons : les faits, bruts, durs et sans filtre parlent d’eux-mêmes et laissent le lecteur se faire son idée.
Quelques avis :
Lu dans le cadre
Les bulles de la semaine sont à découvrir et lire chez Fanny.