#Un mois au Japon·Chat m'plaît·chatperlipopette's chat-lon

Un mois au Japon, saison 7

Ma valise est prête comme celles des membres du challenge Un mois au Japon.

Pour la sixième année Lou et Hilde organisent ce challenge auquel je participe pour la troisième fois. J’avais beaucoup apprécié les échanges autour de nos lectures, de nos visionnages de films ou de séries ou encore autour des recettes. L’an dernier j’avais souhaité essayer de cuisiner des tempuras, idée qui n’a pas été mise en oeuvre. Allez, j’en fais de nouveau le voeu pour cette année.

Revenons au challenge dont le principe est simple: il suffit de publier sur les blogs ou sur les murs FB ou Instagram, au moins un billet en rapport avec le Japon. Et ce entre le 1er et 30 avril. Les billets peuvent parler de littérature, de films, de mangas, d’art, de cuisine du moment que cela ait trait au Pays du Soleil Levant. Il n’y a pas de programme, les lectures, les visionnages et les recettes se feront au rythme des envies de chacun(e) d’entre nous.

J’ai prévu un programme de lecture et de visionnage de films ou séries.

Littérature:

« Le citron » de Kajii Motojirô (en cours)

« La submersion du Japon » de Sakyo Komatsu

« Hôtel iris » de Yoko Ogawa (lu/ non chroniqué)

« L’usine » de Hiroko Oyamada (non lu)

« Pays de neige » de Yasunari Kawabata (non lu)

« Intrusion » de Natsuo Kirino (lu/ non chroniqué)

« L’équation de plein été » de Keigo Higashino (lu/ non chroniqué)

Visionnage:

« Sidonie au Japon »

« Le mal n’existe pas »

« Drive my car » (sur Arte TV)

Mangas:

« Le vieil homme et son chat » de Nekomaki

« Le chat qui rendait l’homme heureux » T3 et T4 de Umi Sakurai

« Shamisen » de Guilherme Preteca et Tiago Minamisawa

Côté cuisine:

Tempura de patates douces/shitake/oignons/haricots verts/carottes/potiron

Pâtes au nori

Kitsune udon

Les étapes indiennes·Littérature classique·Littérature indienne

Kumudini

Les étapes indiennes proposaient une lecture commune d’un roman de Tagore « Kabuliwallah » que je n’ai pas pu trouver en médiathèque. Aussi, me suis-je tournée vers un roman du Maître que propose ma médiathèque « Kumudini », ouvrage disponible depuis peu en traduction française.

« Kumudini a dix-neuf ans, la grâce d’être bien née, de goûter les arts et de prier les dieux. Elle vit dans la compagnie tendre de son frère aîné, Vipradas, humaniste fort accablé par le souci des dettes insurmontables de la famille. Jusqu’au jour où un mystérieux entremetteur vient demander pour son maître, un riche négociant adoubé par le pouvoir colonial, la main de Kumudini. Tout enivrée des légendes sacrées de Krishna, le dieu à la peau de nuit, et de sa bien-aimée Radha, elle y voit un signe du destin et presse son frère dubitatif d’accepter le marché. Mais en unissant sa destinée à celle de Madhusudan, vieil époux aux désirs d’ogre qui règne en despote jusque dans les moindres recoins de sa vaste maisonnée, Kumudini devient l’instrument inespéré et malheureux d’une épouvantable vengeance… »

Je n’avais jamais lu Tagore, j’avais entendu parler de ses romans, de sa poésie et de son côté traditionnaliste. Aussi, ai-je été surprise en lisant « Kumudini » des prises de position de l’écrivain envers la condition des femmes indiennes, soumises à une inféodation, souvent cruelle, à leur belle-famille.

Kumudini Chatterji est une jeune fille cultivée, aimée et bien entourée par son frère aîné et les gens de leur maisonnée. Nous sommes à la fin du XIXè siècle, dans une Inde, plus exactement au Bengale, exigeant de s’affranchir de l’occupation anglaise. Elle ne croit pas au mariage d’amour, ne connaissant que le système des mariages arrangés : elle a vu ses sœurs quitter le foyer paternel pour rejoindre celui de leur époux, sœurs qui se sont épanouies dans leur union. C’est sans révolte qu’elle accepte de bon cœur et dans une attente joyeuse le mariage arrangé proposé par son frère Vipradas. Ce dernier a du accepter l’union en raison de dettes trop lourdes. L’acceptation est vécue comme une immense défaite par cet homme cultivé, progressiste (dans le sens noble du terme), ouvert à la modernité et ses progrès dans de multiples domaines. Le futur époux, Madhusudan est issu d’une famille avec laquelle celle de Kumudini est en conflit depuis plusieurs générations. Les deux familles ont suivi des chemins différents, celle de Kumu dans l’opulence, la richesse de propriétaire terrien à la campagne, celle de Madhusudan Ghoshal dans les difficultés financières jusqu’à ce que l’inverse se produise sous les efforts de Madhusudan qui a su faire fructifier les rares avoirs familiaux au point de pouvoir, enfin !, être en capacité d’assouvir sa vengeance. Car il s’agit d’une histoire de vengeance et le mariage arrangé en est le moyen le plus cruel qui soit.

Le lecteur suit la descente aux enfers de Kumu et de Vipradas, chacun à sa manière. La première, hiératique face à la rusticité de son époux, subit l’inféodation en s’attelant à des tâches de subalterne, ce qui empire la maladresse de Madhusudan alors qu’il tente de l’apprivoiser. Le second sombrant dans la maladie et la mélancolie.

Kumu tiendra tête, avec constance et élégance, à son « ogre » d’époux aux appétits insatiables et au despotisme insupportable. Les projets de Madhusudan, devenu Maradjah par la volonté du pouvoir colonial, se heurtent à la résistance, extraordinaire, de Kumu face aux humiliations qu’il lui fait subir, et au mépris qu’elle lui adresse en retour. Une attitude absolument inédite, impensable dans une Inde où la femme est traditionnellement assujettie aux volontés de son époux, asservie par lui et soumise à ses ordres ou à ceux de la belle-famille. Kumu, éduquée par son frère qui a fait d’elle une femme qui possède la liberté de penser, est l’image même d’une résistance qui forcera le respect d’une belle-soeur et d’un beau-frère, est la figure par laquelle se lézardera le bel édifice du Maradjah. Je l’ai souligné plus haut, c’est l’époux qui, malgré les vexations, se sent rabaissé par celle qu’il veut asservir, et, comble de l’insupportable, qui apparaît comme en position de faiblesse aux yeux de sa maisonnée. Le conflit larvé entre les deux époux, deux visions de l’Inde, monte crescendo et apporte une tension extrême au roman. Le renversement de statut des époux, l’esprit d’indépendance de Kamu vis à vis du poids des us et coutumes, font du roman une anticipation des mouvements d’émancipation de la femme indienne et une virulente dénonciation des mariages arrangés. Ainsi, Tagore, à la fin de sa vie, devient un révolutionnaire visionnaire même s’il ne permet pas à son héroïne, qui a l’audace de quitter son époux, de remporter l’entière victoire ce qui aurait été une gageure impossible dans le contexte historique de la publication du roman.

J’ai vraiment aimé l’histoire de Kamu car malgré les passages très sombres de sa vie, il y a de la lumière et de la beauté. La force d’évocation du texte est telle que j’étais au Bengale, avec ses senteurs, ses couleurs, sa musique, ses maisons de maître délabrées mais tellement belles, sa nature luxuriante et prolixe ainsi que tout un art de vivre. J’étais également aux côtés de Kumu, kidnappée à son frère, pour être assujettie à sa nouvelle famille, dans la douleur, l’incompréhension, le chagrin et les graines de la révolte.

Traduit du bengali par France Bhattacharya

Quelques avis :

Babelio Christine Tania

Lu dans le cadre

Côté polar·Littérature française

Enquête royale à Buckingham

#EnquêteroyaleàBuckingham #NetGalleyFrance

La Reine Elizabeth II adore écouter, à l’insu de tous, les potins du palais. Un jour, elle surprend une conversation entre deux employées : l’une d’elle a trouvé un mystérieux journal intime dans une des chambres. Peu de temps après, la jeune femme de ménage disparaît. Que s’est-il passé ? Sa Majesté décide de mener l’enquête en toute discrétion car la teneur du journal, qui serait celui de Lady Diana, pourrait mettre à mal la Couronne d’Angleterre.

J’ai adoré le premier tome de la série de S.J. Bennett « Sa Majesté mène l’enquête » aussi ma curiosité a-t-elle été piquée par « Enquête royale à Buckingham » d’Anna Cazine. J’ai lu jusqu’au bout le roman tout en étant agacée par la ressemblance évidente avec la série anglaise. Anna Cazine, très respectueuse de la Reine et du cadre protocolaire de Buckingham. La trame est identique à celle mise en place par S.J. Bennett avec une légère différence : l’autrice décrit minutieusement, et sans doute trop et de manière redondante ce qui alourdit le récit, les journées au rythme immuable de la Reine. Anna Cazine installe son lectorat dans les pas de la souveraine qui aime les moments passés en famille, les instants partagés avec ses petits-fils, sa bienveillance envers son personnel, les promenades à cheval, les balades avec ses chiens, ses petites manies qui font d’elle une vraie personne. Le quotidien d’Elizabeth II est une atmosphère à lui seul ce qui m’a aidée à terminer ma lecture.

L’intrigue est bien menée, avec une Reine discrète mais rusée et très observatrice, réussissant à obtenir des indices pour son enquête : ce n’est qu’à la fin que le puzzle se met en place.

« Enquête royale à Buckingham » plaira aux amateurs du genre. Quant à moi, bien que je me sois laissée prendre à l’intrigue, je reste un brin dubitative.

Une lecture:

Badge Lecteur professionnel

Quelques avis:

Babelio

Les classiques c'est fantastique·Littérature classique·Littérature française

Tous les hommes sont mortels

Chaque mois, « les classiques c’est fantastique ! » proposent un thème. En Mars les participants devaient choisir de lire une des Simone de la littérature. Je suis sortie de ma zone de confort en participant au thème malgré ma réticence. J’ai choisi un roman de Simone de Beauvoir « Tous les hommes sont mortels ». Elle publiera ce roman en décembre 1946, dans un contexte bien particulier, celui de la création de la revue politique « Les Temps modernes » créée avec Jean-Paul Sartre. Cette revue cherche à faire connaître l’existentialisme à travers la littérature contemporaine.

Raymond Fosca est un prince toscan né le 17 mai 1279, sa mère meurt peu de temps après sa naissance, aussi est-il élevé par son père. Un moine est assigné à son éducation et à son apprentissage des préceptes de la religion catholique romaine. Or, très vite, le jeune Fosca proclame fièrement qu’il ne craint ni Dieu ni les hommes. Un jour, un pauvre hère, qui s’est caché dans une cave pour ne pas être chassé de la ville fortifiée, lui propose un élixir d’immortalité s’il lui laisse la vie sauve. Alors que son épouse, Catherine, l’implore de ne pas succomber à la tentation, il teste l’efficacité du philtre sur une souris …. qui meurt et revient à la vie. Fosca franchit la ligne rouge et boit le contenu de la fiole. Ainsi, cet homme ambitieux devient-il immortel et traversera-t-il les siècles, rencontrant toutes les grandes figures historiques jusqu’à l’époque contemporaine.

L’immortalité, graal de l’humanité depuis la quête de la Pierre philosophale, est-elle une panacée ? Ou un « bien triste présent » comme le souligne Jean-Jacques Rousseau dans son « Emile » ? C’est ce à quoi s’attache à répondre le roman au cours de la rencontre entre Régine, jeune actrice ambitieuse, égoïste et sûre du bienfondé de son existence et Fosca qui est revenu de tout.

Au début, l’immortalité, c’est bien, c’est vers la fin que cela se complique. Fosca, lorsque Régine le réveille d’une très longue sieste, est désabusé et démotivé au plus haut point. Il ne vit plus depuis longtemps, seuls les rencontres avec quelques femmes ou quelques événements historiques le raniment et le ramènent à la vie. Hélas, l’enthousiasme ne dure guère car, à therme, tout retombe dans l’obscurité de l’oubli. Au-delà de la mort profonde qu’est l’immortalité, la vie de Fosca montre combien l’homme, qui se sait mortel, agit, que ses actions soient proches de la folie ou non. L’homme mortel construit, passe à l’acte tout en sachant que ce à quoi il aspire, que ce qu’il bâtit, il n’en verra jamais le bout. Fosca en est conscient et éprouve une éternelle insatisfaction qui le hante. Or, pour l’homme mortel, l’insatisfaction, la recherche du toujours plus, font qu’il est vivant contrairement à Fosca. A mesure que l’on suit, en flash back, ses pérégrinations force est de constater qu’à travers les destins des personnages qu’il croise, l’histoire des hommes est un éternel recommencement. Pourtant, c’est la beauté de l’action de l’homme qui prime sur tout : il cherche à améliorer son sort et celui de l’ensemble de la communauté, sans renoncer devant les forces contraires. On pourrait se dire que l’éternité apporte l’énergie inépuisable pour atteindre de multiples objectifs. L’éternité permettrait-elle à l’homme de se construire, d’être acteur, décideur et responsable de sa vie ? Oui, tant que le manque de temporalité, la douleur de l’effacement des visages aimés, ne le conduisent au renoncement. Non, si l’on pense que tout est vain puisque tragiquement cyclique.

A mesure que les années, les siècles passent, Fosca, l’immortel, apprend que c’est parce que les hommes sont mortels qu’ils vivent, pleinement, leur existence selon leur conscience, selon les objectifs qu’ils se sont donnés, selon leur personnalité, leurs forces et leurs faiblesses. Les imperfections, les frustrations, les insatisfactions forment un tout : la vie humaine.

« Tous les hommes sont mortels » est un roman qui, à mon sens, a une résonance importante aujourd’hui : notre modernité a peur de vieillir au point de vouloir une absence de temporalité. N’est-ce pas ce que prône le mouvement transhumaniste dont les plus célèbres chantres (Elon Musk, Jeff Bezos entre autres) ne sont que des enfants qui ont peur de mourir. Or la mort est la quintessence de l’humanité, c’est la mort qui sublime la vie, qui fait que l’homme est un homme vivant porté par cette force éternelle qu’est l’impermanence de l’existence.

« Tous les hommes sont mortels » a été une lecture qui m’a remuée dans le sens où, malgré la distanciation que Fosca choisit comme posture, j’ai ressenti de l’empathie pour lui et sa souffrance profonde devant sa non-vie.

Quelques avis :

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British Mysteries·Littérature anglaise·Côté polar

Son espionne royale et l’héritier australien

Londres 1934, Georgie est toujours aussi fauchée, malgré une mère richissime avec laquelle elle court les boutiques londoniennes. Tout irait bien si la mère de notre Lady de Rannoch n’avait pas abrégé son séjour à Londres pour rejoindre au plus vite son amant allemand, plantant sa fille sans hésitation pour une villégiature en Italie. Sans le sou et quasiment sans toit sur la tête, Georgie ne sait plus comment s’en sortir.

La solution arrive du palais de Buckingham : la Reine Mary appelle Georgie pour lui confier une mission. Non, cette fois pas de David à espionner. Comme elle connaît l’étiquette sur le bout des doigts, elle se voit confier la lourde tâche d’éduquer l’héritier de Kingsdowne  Place, dans le Kent, qui débarque, frais émoulu de la lointaine et sauvage Australie, pour faire de lui un parfait Duc d’Eynsford.

Notre Lady est, pour un temps, à l’abri du besoin et prend la route du Kent. A Kingsdowne Place, elle se trouve confrontée à une ambiance familiale quelque peu tendue : Edwina, la Duchesse douairière a du laisser les rênes du domaine à son second fils Cédric, le Duc d’Eynsford, très antipathique, plus préoccupé par ses lubies architecturales et artistiques ou de ses « étourneaux », jeunes gens du monde spectacle auxquels il s’est attaché, que par le bien-être des gens du Domaine. Il a recueilli, bon gré mal gré, sa sœur et ses trois enfants, suite au départ de l’époux avec une maîtresse. Tout est fait pour rappeler que ces dames et jeunes gens ne sont là que parce qu’il le veut bien. Aussi quand est annoncée l’arrivée du fils de l’aîné de la Duchesse douairière, tombé au champ d’honneur dans les tranchées de 14-18, la nouvelle perturbe l’équilibre de ce petit monde et exacerbe les rancoeurs. Au point que le Duc d’Eynsford, dans un moment de colère, annonce qu’il adopte son majordorme français. En a-t-il le droit ? Tout le monde se pose la question.

Entre les folies théâtrales de la troupe de jeunes gens efféminés dont s’est entouré l’antipathique et égoïste duc, les paroles acerbes de ce dernier envers les siens, les jumeaux qu’un précepteur tente, vaille que vaille, d’instruire et surtout d’éduquer à la mode anglaise, une jeune fille clouée dans un fauteuil roulant, un Darcy plus élégant et séduisant que jamais, un jeune berger australien très rustre, des tantes excentriques, un personnel de maison digne de celui de Downton Abbey et Queenie la femme de chambre reine des gaffes, Georgie aura le chic de tomber sur un cadavre et de se lancer dans une enquête surprenante.

« Son espionne royale et l’héritier australien » m’a, une fois de plus, entraînée avec jubilation à la suite de Lady de Rannoch, toujours aussi stricte sur ce que doit être une jeune aristocrate appartenant à la famille royale. Rhys Bowen souligne la condition des femmes de l’aristocratie anglaise qui peuvent être dépouillées de tout car un titre ne se transmet qu’aux hommes. Georgie commence à comprendre combien l’attitude de son amie Belinda ressemble à celle de sa mère, entre égoïsme, superficialité, opportunisme cynique et légèreté des mœurs, ce qui la rend beaucoup moins sympathique que dans les précédents opus. L’auteure aborde le choc des cultures entre l’Angleterre et ses traditions immuables et l’Australie, dominion lointain et contestataire. Chacun a son imagerie de l’autre dans sa tête : sauvagerie rustre d’un côté, esprit guindé et étriqué de l’autre.

Une aventure qui m’a beaucoup plu grâce a tout une galerie de personnages secondaires hauts en couleur et à des situations loufoques.

Traduit de l’anglais par Blandine Longre

Quelques avis :

Babelio Parfums de livres Lilly Bianca Bénédicte A livre ouvert Mylène

Lu dans le cadre

Le jeudi, c'est poésie·Littérature française·Poésie·Printemps des poètes

Le troisième jeudi c’est poésie #7

La floraison des pommiers, encore timide, m’a fait penser à un producteur de pomme bio du marché guingampais. Thierry le Pennec, un homme contemplatif aimant écrire de la poésie. Il n’est pas connu du grand public mais est reconnu dans le monde feutré de la poésie. Son écriture suit la scansion de la langue bretonne ce qui donne à ses poèmes un rythme particulier. Ses poèmes me touchent beaucoup, aussi souhaitai-je en partager un avec vous. Extrait de « Le visage du mot: fils »

Car le renard

alors on s’y remet à la clôture des oies

sacrées le fils et moi chantier

depuis des années entamé interrompu abandonné

repris en stand-by à nouveau les herbes

en le futur enclos les ronces on s’y remet

de nos rouleaux de grillage fil de fer

en l’ancienne venelle vieux chemin charretier

de ses talus tombés le ru l’emplacement

sur le bord du verger ô mes belles

verrai-je un jour

vos cous graciles parmi les pommiers?

La bibli des p'tits chats (ados)·LaBD de la semaine·Littérature française·Roman graphique/BD

Les quatre de Baker Street: les orphelins de Londres

Les journaux londoniens relaient une terrible nouvelle : le célèbre détective Sherlock Holmes, lors d’une confrontation avec son ennemi le professeur Moriaty, aurait trouvé la mort dans les Chutes de Reichenbach. Nos trois francs-tireurs sont désespérés et lors d’une dispute, le trio vole en éclats, chacun partant, plein de rancoeur, de son côté. Las, les trois enfants se retrouvent bien vite dans les ennuis jusqu’au cou sans compter qu’un autre danger rôde : leur pire ennemi, Bloody Percy, est à leurs trousses. Comment pourront-ils s’en tirer ? Le Docteur Watson saura-t-il protéger les protégés de Sherlock ?

Ce quatrième tome fait la part belle aux francs-tireurs qui m’ont entraînée dans les pires quartiers londoniens et surtout dévoile les conditions de vie précaires, sordides et dangereuses pour les orphelins à l’époque victorienne. Charlie se retrouve dans une maison de redressement tenue par des religieux suite au vol d’un pain. Watson, son matou, doit se défendre seul après l’arrestation de sa jeune maîtresse. Tom est retourné auprès de son oncle et reprend ses activités de monte-en-l’air tandis que Billy est pris à partie par les jeunes sbires à la solde de Percy et parvient à échapper à un funeste sort en l’envoyant, tête la première, dans un brasero de fortune, la douleur intense de la brûlure décuplant sa haine envers les protégés de Sherlock. Il devient urgent, pour Billy, de retrouver ses amis afin de leur éviter une mauvaise rencontre et de trouver aide et conseil auprès du Dr Watson.

L’album met l’accent sur le sort réservé à certains orphelins, à Londres : Charlie est prisonnière d’une institution soi-disant de bienfaisance, institution qui profite, honteusement, de la faiblesse des recrues pour les asservir à des tâches exténuantes, dégradantes dans une ambiance délétère et dangereuse pour la santé. Les fillettes et jeunes filles sont exploitées au point de mourir de mauvais traitements et de manque de soins. Tout cela au nom d’une morale bien galvaudée par la manière dont la société utilise les déshérités. Charlie, au caractère bien trempé, tiendra tête au sévère duo d’éducateurs et parviendra à leur fausser compagnie.

La vie aurait pu continuer ainsi, rapines pour survivre, confrontation aux multiples dangers des bas-fonds de Londres. Mais, notre trio, après bien des péripéties, se retrouvera pour porter un dernier coup d’estoc à Percy. L’intrigue est, encore une fois, très bien menée et parfaitement rythmée, les fils distincts des trajectoires individuelles des francs-tireurs amenant ces derniers à retrouver un autre orphelin londonien, John Watson sur qui ils pourront compter. Ne pas oublier, l’art de persuasion de la discrète Mme Watson. J’ai apprécié les scènes de bagarre, toujours très bien traitées, le graphisme des personnages et les couleurs judicieusement utilisées (elles apportent beaucoup aux atmosphères des scènes).

Et Sherlock dans tout ça ? La dernière case de l’album apporte une note d’espoir pour nos jeunes amis.

« Les orphelins de Londres » est un album intelligent, virevoltant, imbriquant tendresse, amitié, douleur, courage, révolte, ruse, astuce à toute la gamme des émotions humaines.

Lu dans le cadre

Les bulles de la semaine sont à découvrir chez Noukette.

Non fction/ Essai

Le complot en littérature

Il est dit que 2024 sera l’année au cours de laquelle je m’appliquerai à sortir de ma zone de confort en lecture…. à mes risques et périls ce qui, j’ose croire, m’ouvrira d’autres horizons. Aussi, quand Masse Critique lança, il y a un mois, son opération « Non fiction » j’y ai participé et eu le plaisir d’être sélectionnée pour lire un des titres choisis : « Le complot en littérature » d’Alain Corbellari, professeur de littérature française médiévale aux universités de Lausanne et de Neuchâtel. Tout un programme ! Y aura-t-il du croustillant, du jamais vu ni entendu, de nouvelles théories surprenantes, des bouleversements de lignes consensuelles ? Le monde littéraire peut-il monter des complots aussi controversés que ceux produits par notre société moderne doutant de tout et de n’importe quoi ?

Rien de tout cela …. quoique les passes d’armes à propos de l’identité de Shakespeare, d’Homère ou encore de la paternité des pièces de Molière ont férocement défrayé les chroniques littéraires du 19è siècle.

J’ai appris beaucoup de choses intéressantes notamment l’apport de la science dans les débats de paternité littéraire, de mystification et autre forgerie littéraire autour d’un soupçon ou d’un début d’idée. Le professeur Alain Corbellari m’a menée à la croisée des chemins entre les théories littéraires (qui m’étaient familières lorsque j’étais étudiante en Lettres) et l’épistémologie. Il étudie la puissance des imaginaires du terrain et les pratiques contemporaines d’enquête et rend passionnante son étude des complots littéraires. Certaines mystifications sont jubilatoires tant elles sont élaborées avec soin en s’appuyant sur quelques vérités, d’autres ne sont que de pauvres baudruches explosant à la moindre étude stylographique.

« Le complot en littérature » se lit facilement car l’écriture de l’auteur est accessible, fluide et souvent pleine d’humour. Alain Corbellari, dans quelques études de cas (de fausses chartes ont été écrites au Moyen Age pour justifier les prétentions temporelles de l’Eglise, des auteurs romantiques ont falsifié leurs sources pour satisfaire le désir de racines de leurs contemporains, l’invention d’Emile Ajar par Romain Gary pour simple satisfaction personnelle, à savoir se gausser des grands critiques de l’époque) montre combien les pratiques, et les théories qui de l’apparente mystification inoffensive au complot avéré, s’appliquent à bousculer nos croyances littéraires. La ligne est très mince entre les amusements littéraires et les dangers de déstabilisation du savoir et de la désinformation exponentielle, signature de notre époque. L’information circule tellement vite par les réseaux sociaux et internet que le recul n’existe plus et laisse place aux émotions brutes.

Je remercie Masse Critique et les Presses Universitaires de Vincennes pour cette lecture riches en enseignements.

Le complot en littérature par Alain Corbellari

Le complot en littérature

Le complot en littérature

Alain Corbellari

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LaBD de la semaine·Littérature française·Roman graphique/BD

Céleste, bien sûr Monsieur Proust (première partie)

L’album avait fait partie des coups de cœur des bibliothécaires de la médiathèque de ma commune. Je m’étais dit que je le lirais à l’occasion, sans plus. Puis, j’ai lu des commentaires élogieux et enthousiastes qui ont fini par me convaincre qu’il était nécessaire que je le lise. Quand, enfin !, l’exemplaire m’a été prêté, une certaine appréhension m’a assaillie : et si mon attente avait embelli les choses au point que cela fasse « pschiiiittt » ? Et si j’étais horriblement déçue ? Et si … et si …. et si…

1913, Céleste Albaret, tout juste arrivée de sa Lozère natale, jeune épouse d’Odilon, chauffeur à l’occasion de Mr Proust, ne sait pas quoi faire de ses dix doigts. Grâce à son époux, elle entre au service de Marcel Proust, d’abord à temps partiel puis rapidement à temps complet car elle est amenée à remplacer le majordome de la maison. Se tisse, entre 1913 et 1922 année de sa disparition, une amitié atypique entre Proust et Céleste. Chloé Cruchaudet, puisant à de nombreuses sources, met en lumière une relation extraordinaire et hors du commun entre Céleste, bonne à tout faire puis surtout gouvernante et secrétaire du grand homme, et Marcel Proust. C’est qu’ils se ressemblent un peu par leur côté décalé et fantasque. Céleste est dévouée et protectrice envers cet écrivain souffreteux, préférant les hommes aux femmes, précieux et raffiné. Elle, si éloigné de monde des gens aisés, cultivés et parfois hautains. Elle saura apprendre à ne pas déplacer la poussière, art subtil et ardu, à lui servir un café toutes les heures, à ne pas déranger ses petites manies, à lui préparer ses bouillottes, à l’écouter parler, se plaindre des uns et des autres, à faire en sorte que rien ne puisse ennuyer Marcel Proust. Céleste la petite campagnarde pleine de vie avec ses rêves, pose un regard sur le monde empreint de jovialité et de bienveillance. Proust, cet homme d’un monde et d’un temps bientôt révolus, est dessiné avec brio, tout en détails amusants et émouvants. A ses côtés, Céleste s’épanouira, grandira à l’ombre d’un amour platonique tout en délicatesse. Entre réalité et fantasmes, j’ai adoré la manière dont elle met en images les recommandations de son mari « c’est une petite chose fragile et délicate qui a besoin de nous… sa chambre, c’est tout son monde. Quand il sort c’est pour glaner de la matière pour « son oeuvre », comme il dit, ça c’est mon rôle … le tien c’est d’assurer sa tranquillité et son café… ». Et puis il y a ces gentillesses adorables de Monsieur Proust « Vous êtes jolie, Céleste ».

Chloé Cruchaudet réussit parfaitement à faire entrer le lecteur dans les pensées de Céleste grâce aux passages oniriques du récit graphique. Comme elle parvient, magnifiquement, à montrer la connivence entre Céleste et Proust tout en soulignant que chacun reste à sa place tout en respectant l’autre. Céleste est attachante, émouvante, je n’ai pas eu envie de la quitter. Quant à Marcel Proust, il est à l’image d’une époque enfuie : délicieusement suranné, sans illusion sur ses contemporains et appréciant le confinement dans sa chambre, lieu de toute sa créativité littéraire… ô ces pages pliées en accordéon et collées par Céleste lors des relectures et corrections du Maître.

« Céleste, bien sûr Monsieur Proust » est un album « cocon », d’une grande douceur dans le texte et les illustrations. Il est beau, tout simplement. Ce fut un enchantement que de le lire et d’apprécier chaque dessin, chaque détail, chaque moment d’immersion dans une très belle histoire d’amitié respectueuse.

« Etre avec lui, l’écouter parler, le regarder travailler, l’aider dans la mesure de mes moyens. C’était comme de se promener dans une campagne où il y a partout de nouvelles sources qui jaillissent. »

Quelques avis :

Babelio Gambadou Antigone

Quelques planches:

Lu dans le cadre

Les bulles de la semaine sont chez Mokamilla.

La cuisine de Chatperlipopette·Les étapes indiennes

Seitan tandoori

Ce dimanche, le thème de l’étape gourmande des Etapes indiennes était consacré au tandoori. Etant végétalienne (végétarienne quand je ne suis pas chez moi), j’ai choisi de cuisiner du seitan au tandoori.

La marinade:

2 yaourts nature au soja

épices tandoori

1 gousse d’ail écrasée, sel, huile végétale, jus de citron

Mélanger dans le saladier tous les ingrédients de la marinade puis incorporer les morceaux de seitan de façon à ce qu’ils soient bien enrobés de marinade. Laisser au réfrigérateur 4h au moins.

Le plat:

Quand les morceaux de seitan ont mariné le temps voulu, les faire revenir dans une poêle jusqu’à ce qu’ils dorent et absorbent la marinade.

Servir bien chaud accompagné de riz (en l’occurrence du basmati complet) et d’un curry de légumes. Sans oublier les naans!

Cuisiné dans le cadre