LaBD de la semaine·Littérature française·Roman graphique/BD

Céleste: il est temps Monsieur Proust

La dernière partie du diptyque consacré à la relation entre Céleste, la gouvernante, et Marcel Proust, change de registre : après l’idylle viennent les remous du quotidien. L’admiration envers Proust est toujours présente chez Céleste, cependant un grain de sable vient gripper l’ordonnancement des jours. Céleste souhaite évoluer dans sa fonction auprès de l’écrivain tandis que ce dernier rêve de gloire littéraire au point d’en devenir pénible. Rapidement les esprits s’échauffent, l’atmosphère devient tendue et les relations entre Céleste et Proust sont tumultueuses. Rien ne va plus !

Céleste et Marcel parviendront-ils à surmonter les épreuves du quotidien ? Leurs liens en sortiront-ils plus forts ?

Dans un huis-clos passionnant et mené avec brio, Chloé Cruchaudet mène son récit très rythmé, loin du regard contemplatif des deux héros du précédent opus. Céleste est même méconnaissable quand elle revendique une fonction plus en accord avec ce qu’elle gère et avec l’idée qu’elle en a. Elle ne veut plus être une simple servante à tout faire, elle veut être intendante de la maisonnée de Proust. En bon détesteur du changement, Proust rechigne beaucoup, ne comprenant pas les raisons de la demande de Céleste. Résultat, cette dernière quitte Proust en le laissant dans le désarroi le plus total. Marcel ne tiendra pas longtemps et fera dire à Céleste qu’il accepte tout, sans condition. Entre alors en scène la sœur de Céleste dont le rôle sera de gérer la cuisine, la lessive et le ménage.

La vie reprend son cours, Proust et Céleste sont heureux de se retrouver, Céleste est devenue gouvernante-intendante-secrétaire-confidente de son employeur.

Le deuxième tome met plus en avant le quotidien de la maisonnée, notamment un grand bouleversement : celui du déménagement. En effet, l’immeuble où vit Proust a été vendu, ce dernier doit trouver un autre toit. Ce sera Céleste qui aura la charge de dénicher un nouveau nid pour Proust, ce qui ne sera pas facile. Un autre événement, de taille, a lieu : l’attribution du Prix Goncourt à Proust après bien des manœuvres de sa part (j’ai ri devant les scènes où Proust décide d’écrire, lui-même, des critiques positives sur son roman). J’ai beaucoup apprécié les scènes entre les deux sœurs, leur complicité et leurs moments partagés. Jusqu’au bout elles assisteront Proust, le dorloteront, en prendront soin afin qu’il se consacre entièrement à son œuvre.

Les illustrations sont toujours aussi belles et émouvantes, elles m’ont plongée dans l’univers feutré d’un auteur aux nerfs toujours à vif, passant de l’espoir le plus fol au plus profond dépit voire découragement. Elles font que les personnages sont incarnés avec justesse, avec une pointe, bien dosée, d’humour et de tendresse. Ainsi la scène du déménagement absolument fantasque.

La deuxième partie a été à la hauteur de mes attentes… parfaite : j’ai pu lire une belle histoire empreinte d’humanité et dotée d’un verbe magnifique rendant hommage à l’univers proustien.

Quelques avis :

Babelio Mokamilla Gambadou

Quelques planches:

Lu dans le cadre

D’autres bulles à découvrir chez Noukette.

18 commentaires sur “Céleste: il est temps Monsieur Proust

    1. Il est vrai que la seconde partie est moins contemplative que la première. Céleste n’est sous l’emprise de l’admiration et revendique une meilleure considération pour son travail. Cependant, l’humour et la tendresse sont toujours présents.

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