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Le printemps de Sakura

Sakura vit à Tokyo avec, Guillaume, son papa français, elle a huit ans et a perdu, Chinami, sa maman japonaise un jour de pluie. Depuis, son père l’élève seul, un peu débordé et cependant à l’écoute. A l’école, certains élèves la traitent de hâfu, métis en japonais, cela la peine et la fait réfléchir.

Quelque temps plus tard, le papa est appelé, pour raisons professionnelles, à se rendre en Inde plusieurs semaines. Pour une fois, Sakura n’ira pas en France dans sa famille paternelle mais chez sa grand-mère maternelle, dans un joli village de bord de mer. La fillette a un peu peur : elle ne connait pas vraiment sa grand-mère et surtout elle ne maîtrise pas le japonais … alors comment faire pour échanger avec sa Obaa pendant l’absence de son père? Et puis … pourra-t-elle se faire des amis, elle, la hâfu ? Le papa, rassurant, lui raconte comment il a rencontré sa maman, comment il est tombé amoureux d’elle et du Japon, comment ses beaux-parents l’ont accueilli avec bienveillance bien qu’il fût étranger. C’est sans compter aussi sur la personnalité adorable de Obaa, une mamie qui sait donner à la vie toutes ses belles couleurs.

Dans son journal intime, offert par son papa, Sakura chronique des journées, décrit ses rencontres, les amitiés naissantes, sa confrontation, tout en douceur, avec la culture japonaise. Peu à peu, elle s’imprègne de ce qui a construit sa mère et apprend, grâce à sa obaa comment remplir le vide de l’absence maternelle et à surmonter son chagrin.

« Le printemps de Sakura » est un roman graphique d’une grande poésie, empreint d’émotions et de résilience. Les aquarelles de Marie Jaffredo décrivent un moment d’une vie émouvant au cours duquel le temps s’écoule doucement et paisiblement. Chaque jour apporte un élément permettant de surmonter le deuil, les petits riens du quotidien sont une offrande au souvenir de Chinami dans le cœur de sa petite fille Sakura, fleur de cerisier. Des liens solides se tissent entre la grand-mère et sa petite fille que ce soit lors d’une pêche à pied, l’entretien du jardin, la confection de plats. La vie s’écoule au rythme paisible de la campagne, à l’écoute de la nature, des kamis, dans la joie des plaisirs simples d’une vie traditionnelle. La poésie des sens est omniprésente : l’expérience du bain public, l’odeur des embruns, le bruissement des arbres, le chant des roseaux, les saveurs de la cuisine japonaise.

« Le printemps de Sakura » est tout simplement beau, doux et émouvant et je dirais même plus …. sublime. Merci aux participants de la BD de la semaine de m’avoir fait découvrir cette lecture.

Quelques avis :

HildeEimelleMaggieNathalieBabelio

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Le récapitulatif des chroniques des participants à la BD de la semaine est chez Noukette.

LaBD de la semaine·Littérature japonaise·Manga

Le chat qui rendait l’homme heureux -et inversement- T1 &2

Quand j’ai lu la mise en bouche en quatrième de couverture, je n’ai pas pu résister car les chats et moi c’est une longue histoire d’amour.

« Fuyuki Kanda est seul et triste. Un jour, il décide d’entrer dans une animalerie où il remarque Fukumaru, un chat pas très beau, gros et plus très jeune. Ce dernier semble triste et désespéré car personne ne veut de lui. Pourtant, de manière inattendue, lhomme va l‘adopter ! » Ainsi commence une cohabitation chaleureuse et une belle histoire d’amour entre un chat répondant au doux nom de Fukumaru (bonheur plein et entier, en japonais) et son maître. Ils ont tous les deux une fêlure dans leur vie, la solitude et une tristesse infinie pour Fuyuki Kanda, le manque d’estime de soi, en raison d’une adoption qui ne vient pas, pour le l’exotic shorthair qui se morfond dans sa cage vitrée. Quelle est l’origine de l’infinie tristesse de Kanda ? Au fil des planches des tomes 1 et 2, on apprend qu’il est en deuil, qu’il a perdu son épouse dans un accident et que depuis le monde s’est arrêté. Fukumaru, tout en rondeurs moelleuses, devient le compagnon, en adoration, de cet homme anéanti par le décès de sa femme. Le chat et l’homme tissent des liens profonds remplis de tendresse et d’amitié grandissante. Ils se font du bien tous les deux : Kanda réapprend à vivre, à prendre soin d’un autre être vivant, à aimer, à choyer et s’ouvre peu à peu au monde extérieur en parlant de son chat, de ses facéties, en montrant des photos de lui. Il renoue le lien social. Fukumaru réapprend la douceur et la chaleur des câlins, des caresses qui lui rappellent le temps où il était choyé par sa mère. Il apprend, petit à petit, à être un vrai chat un brin malicieux, un peu facétieux, légèrement soupe-au-lait, chasseur, explorateur et parfaitement collant !

On apprend également que Kanda est musicien, pianiste de talent qui a tout laissé tomber. C’est son inénarrable Fukumaru qui l’incitera, par ses bêtises, à s’installer de nouveau devant le clavier et jouer quelques notes. Lentement il réapprivoise son passé, celui des compétitions et concours de piano, se réconcilie avec lui parce qu’à vivre au quotidien avec son chat il reprend confiance envers les autres et ose se confronter à ses limites.

« Le chat qui rendait l’homme heureux – et inversement- » est un manga dit « mignon », dont il a tous les codes : les situations comiques que tout propriétaire, euh non colocataire, de chat reconnaîtra avec joie. C’est aussi un manga qui montre les bienfaits qu’a un animal de compagnie sur le moral des humains, la capacité qu’il peut avoir à faire baisser le stress, qu’il peut aider à renouer des liens sociaux avec les autres ou à en forger.

J’ai beaucoup apprécié le graphisme, la manière dont l’autrice, Umi Sakurai, a dessiné Fukumaru, un chat tout en rondeur, noir et blanc comme les représentations du chat porte-bonheur au Japon. Moi, il m’a fait craqué, cet exotic shorthair au look si spécial au point que certains personnages de la série le trouvent laid alors qu’il est mignon comme tout.

J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce manga, loin d’être niais, consacré à un chat car au-delà du côté adorable du félin, il aborde le sujet de la solitude des personnes isolées par l’âge ou les aléas de le vie que peut rompre l’arrivée d’un compagnon à quatre pattes et au doux pelage.

Traduit du japonais par Sophie Piauger

Quelques avis :

Babelio

Quelques images (prises sur internet)

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Le récapitulatif des participant(e)s à la BD de la semaine est chez Mokamilla.

LaBD de la semaine·Littérature japonaise·Manga

Adieu, mon utérus

Yuki Okada, jeune mère de famille, autrice de mangas, a tout pour être comblée : elle a une vie de couple heureuse, est mère d’une adorable de petite fille et travaille dans le domaine qu’elle aime, la création de mangas.

Suite à des règles anormales et douloureuses, elle décide de consulter un médecin. Après analyses médicales, l’annonce qui lui est faite l’assomme, la terrasse même : malgré son jeune âge, elle a un peu plus de trente ans, elle développe un cancer de l’utérus. D’abord sidérée, elle est complètement perdue, ne sachant comment réagir à ce qu’elle vient d’apprendre ; ensuite, elle panique car elle se demande de quelle manière elle informera ses proches au sujet de sa maladie. D’autant plus qu’elle fera face à des choix cruciaux : conserver ou pas un ovaire afin de pouvoir avoir un autre enfant ? Tout sacrifier afin que les métastases ne se propagent pas ? Comment vivre sa féminité sans son utérus ? L’opération la sauvera-t-elle d’un cancer généralisé ? Autant de questions angoissantes qu’essentielles assaillent la jeune femme : mon mari saura-t-il s’occuper de leur fillette et de la maison pendant son absence ? Pourra-t-elle reporter l’envoi de ses dessins ? Quelle taille a son cancer ?

Le manga relate le combat de son autrice face au cancer. Sans rien cacher des angoisses, des peurs, des enjeux médicaux et de leurs douleurs, Yuki Okada met en images les multiples phases par lesquelles elle est passée lors de son parcours de combattante. Elle dessine ses larmes, les embûches rencontrées, les rencontres avec des patientes atteintes du même mal qu’elle, ses cauchemars, son envie de vivre pour profiter de sa petite fille et de sa famille, sans sombrer dans le pathos dégoulinant de mièvrerie. Elle s’enferme parfois dans des moments de solitude pour ne pas penser à ses angoisses, pour s’immerger dans des images de jeux, des échanges sur les réseaux sociaux et oublier ainsi qu’elle pourrait ne pas s’en sortir. A l’issue de ses instants de déprime, elle rebondit avec optimisme, elle apprend d’une sœur de combat qu’elle peut dompter sa peur en donnant un petit nom à son cancer – ce sera « Pitchoune » – et humour – elle se promet de se déguiser en lolita une fois guérie de Pitchoune – notamment quand elle décrit certains médecins qui ne prennent pas de pincettes avec les patients, la psychologie envers le malade n’est pas donnée à tout le monde.

Certaines scènes peuvent être déroutantes pour qui ne connaît pas la culture japonaise notamment celles dans lesquelles l’autrice s’applique à reporter le moment d’informer son époux de sa maladie et de taire cela à sa fille de deux ans, de ne rien dire à son frère qui se marie. Préserver les autres est un maillage important des relations sociales japonaises comme si c’était impudique de parler de ses ennuis à autrui, d’inquiéter les autres inutilement. Cependant, comme tout enfant à qui on ne dit rien, Hinako ressent ce qui se trame et cela se perçoit, dans ses attitudes, au fil du récit et des images.

« Adieu, mon utérus » est un récit autobiographique, un récit pour donner du courage à celles qui vivent le même drame éprouvant. Yuki Okada aborde ce sujet difficile avec réussite ce qui me conforte dans l’idée que le manga est un autre moyen, que celui des mots, de partager des expériences difficiles et de participer à la prévention auprès des jeunes femmes… car le cancer de l’utérus n’est pas réserver à l’après ménopause et que des saignements inhabituels sont des signaux à ne pas ignorer par les femmes.

Un récit émouvant qui m’a beaucoup touchée.

Traduit du japonais par Mireille Jaccard

Quelques avis :

BabelioLyMrs TurnerGeekbecoisMillinaPauline

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Le récapitulatif des participants à la BD de la semaine est chez Fanny.

BD·Côté polar·LaBD de la semaine

Dans la tête de Sherlock Holmes

Sherlock s’ennuie-t-il ou la cocaïne produirait-elle de l’ennui ? Le célèbre détective ne s’intéresse pas à grand-chose et ce n’est pas l’affaire du gang des rouquins, relatée dans le Times, qui fera aiguiser tous ses sens au célèbre détective. C’est alors qu’on amène au 221B Baker Street, un homme hagard, dont la clavicule est cassée . Or le simple diagnostic de Watson se révèle être bien plus que cela. Des résidus d’une poudre blanche, un ticket de spectacle très particulier amènent Sherlock Holmes à déduire que le patient ne doit pas être le seul à être impliqué dans l’histoire.

Sherlock Holmes et le Dr Watson décident de mener l’enquête d’autant plus que le patient a parlé d’un spectacle, le soir du sept novembre 1890 sur Wentworth street. Le hic est qu’il ne se souvient de rien et encore moins des circonstances qui l’ont mis dans cet état.. L’indice du chausson féminin porté au pied droit par le Dr Fowler, sera-t-il suffisant ? Il est suffisant pour mettre en branle le cerveau de Holmes à une vitesse vertigineuse.

Une nouvelle enquête s’ouvre ainsi que la « mansarde » d’Holmes, métaphore du précieux, merveilleux et brillantissime intellect sous la plume de Cyril Liéron et grâce aux fabuleux dessins de Benoît Dahan. Tant le scénariste que le dessinateur nous régalent de l’immodestie, de l’arrogance, de la présomption de l’irrésistible Holmes. Ses fulgurances sont mises en images avec brio au point qu’on se retrouve, vraiment, dans la tête du plus célèbre des détectives.

Les auteurs mettent en scène un Holmes filiforme, tel que je me l’étais toujours imaginé, frénétique, toujours en mouvement (sauf quand il fume des pipes lors de ses moments consacrés à l’étude de l’enquête). Watson est à l’image du personnage imaginé : un homme débonnaire, en admiration devant l’extrême intelligence de son ami. Le caractère calme et pondéré de Watson est un élément rassurant au cœur de la frénésie d’Holmes. Holmes, qui sous une exubérance volubile, cache, dans sa tête, une organisation absolument incroyable. Un fil rouge relie les déductions du maestro détective, aidant le lecteur à suivre l’évolution de l’enquête, la récolte des indices, leur traitement en fonction des besoins du moment.

Le récit est riche en rebondissements, il se tient de bout en bout, servi admirablement par les dessins aux couleurs bleues ou sépia, parfaitement adaptées à l’ambiance de l’enquête et du monde de Sherlock Holmes. La richesse du scénario méritait bien deux tomes. Je les ai dévorés avec jubilation.

Je ne détaillerai pas plus l’enquête qui emmène les détectives comme les lecteurs dans le monde fascinant du spectacle asiatique, entre le mage inquiétant et ses tours de magie hallucinants puis les drogues au pouvoir de suggestion parfois mortifère, c’est l’histoire des deux guerres de l’opium menées en Chine par l’Empire britannique.

« Dans la tête de Sherlock Holmes » est un vibrant hommage aux œuvres de Conan Doyle dans le sens où les auteurs connaissent parfaitement leur sujet. Les deux tomes sont de vrais bijoux à savourer sans modération.

En un mot comme en mille, ma lecture fut des plus jubilatoires,

Quelques avis :

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Le récapitulatif des participants à la BD de la semaine est chez Noukette.

BD·La bibli des p'tits chats (ados)·LaBD de la semaine·Littérature française

A l’ombre des murs

Le titre m’a intriguée, aussi m’en suis-je emparée par curiosité. L’histoire se déroule à une époque indéterminée, dans une ville sans nom. Un jeune garçon, un peu rebelle, issu de la bourgeoisie rencontre une jeune fille en fuite. Tache, tel est le nom de ce garçon, aide Jude à trouver refuge dans un étrange endroit, le Cimetière aux Bécanes, aidé par ses deux amis, Rob et Hernie, deux orphelins livrés à eux-mêmes.

Très vite, on se doute que Jude ne dit pas la vérité sur son identité et les raisons de sa fuite. Rob remarque tout de suite qu’elle s’exprime trop bien pour avoir vécu dans un orphelinat. Le lecteur apprend qu’elle est recherchée par un homme semblant ourdir un complot, aidé en cela par La Fouine, patron de la pègre de la ville.

Les adolescents vont vivre de nombreuses péripéties au cours desquelles on apprendra qu’une catastrophe, naturelle ou économique, a provoqué un cataclysme social. La ville, sur laquelle règne une reine tyrannique, est entourée par un immense mur. Protège-t-il vraiment la population ? Le Cimetière des Bécanes regorge de vieux appareils à vapeur volants, mis au rencart suite à une révolte avortée, des années auparavant. Au cours de leurs pérégrinations, les jeunes héros sont confrontés aux fourberies en tout genre, aux menaces et à la violence. La confiance peut être preuve de naïveté, parfois. Parviendront-ils à échapper à la pègre ? A dénoncer le complot visant à renverser le pouvoir en place ?

L’univers dessiné par Marion Laurent sert agréablement le texte d’Arnaud Le Roux. L’ambiance sépia met en valeur le côté steampunk du récit. L’histoire est un peu cruelle, la vie est dure et violente pour les traîne-misère et crève-la-faim des bas-fonds de la ville. Il y a les éléments du conte dans le récit, une quête, des embûches à surmonter, des aides à trouver grâce à la solidarité, un vieil érudit, un bricoleur de génie qui orchestrera le deux ex machina, les méchants vraiment méchants.

J’aurais aimé en savoir plus sur l’univers et l’histoire de chacun des protagonistes, il n’y a pas assez de précisions et on a l’impression de survoler l’ensemble, ce qui est dommage. Autre bémol, le langage familier et argotique amusant au début devient vite lassant.

Quelques avis:

Babelio

Lu dans le cadre

Le récapitulatif des participations à la BD de la semaine sont chez Moka