#Un mois au Japon·LaBD de la semaine·Littérature française

Shamisen

Ce conte est inspiré de la, vraie, vie de la goze Haru Kobayashi, grande joueuse de shamisen.

Par une nuit d’hiver, glaciale et venteuse, une jeune femme dépose son bébé, aveugle, à la porte d’une maison. Un vieil homme, joueur de shamisen, instrument traditionnel japonais, y vit et recueille le nourrisson. Il décide de l’appeler Haru.

Le roman graphique relate le parcours d’Haru, joueuse de shamisen aveugle, goze ou musicienne, artiste itinérante allant de village en village, dans tout le Japon, pour égayer les paysans et les marchands. Après avoir ému au plus profond d’eux-mêmes, les habitants d’un village où elle s’est produite, par sa musique et son chant, Haru continue sa route et pénètre dans une forêt. Elle rencontre le kappa, une créature qui a enlevé des enfants du village. Il se plaint et se lamente à Haru de ne provoquer que répulsion et haine. Elle, elle ne le fuit pas, n’est pas dégoûtée par son aspect …. elle est aveugle, certes, mais est sensible aux émotions d’autrui, aux moindres bruits qu’elle perçoit, aussi saisit-elle la colère, la souffrance que le kappa a en lui en raison du rejet qu’il subit. Haru lui offre un récital qui transporte, par sa beauté, la créature au point d’en être transformée, au point de rendre les enfants à leurs parents et de s’excuser de ses nombreux méfaits. La musique délicate a touché en plein cœur celui qui souffrait de colère et de haine. Comme le récital lui ouvre une nouvelle voie dans sa vie, que ce moment de grâce passé avec Haru symbolise la fin de ses mauvaises attitudes, le kappa souhaite la remercier en lui offrant une clef, celle de la dimension divine. Haru reprend son chemin, son itinérance, et rencontrera les protagonistes du folklore japonais. Une en particulier, la fera souffrir mille morts en exigeant un récital alors qu’il fait un froid glacial, que ses doigts gelés et sa gorge nouée ne peuvent produire aucun son. Haru refuse d’accéder à la demande de la Sorcière des neiges qui transforme tout ce qui l’entoure en statues de glace. Jusqu’à ce que …. je n’en dirai pas plus.

« Shamisen » offre une immersion dans le folklore japonais, encore méconnu en Occident malgré le franchissement des frontières de la culture japonaise. Les scénaristes Tiago Minamisawa et Guilherme Petreca, qui signe aussi les illustrations, proposent une promenade onirique aux côtés d’Haru au cours de laquelle sont abordés en profondeur les thèmes de la beauté et de la liberté de l’art. Ils permettent de découvrir les yokaï, divinités japonaises qui accompagnent ou perturbent le cheminement d’Haru, un peu à la manière des korrigans dans les contes traditionnels bretons.

Les dessins sont minutieux et s’inspirent à la perfection de l’art pictural nippon, notamment celui des ukiyo-e, peintures sur bois. Les planches peuvent rappeler des tableaux ; elles sont magnifiques et invitent à la contemplation, au questionnement philosophique et à la méditation.

Le plus du roman graphique est la transcription en japonais et en français des textes chantés par Haru et le chapitre final des références et inspirations qui apportent de nombreuses informations historiques et culturelles pour enrichir la lecture et titiller la curiosité intellectuelle pour ouvrir d’autres portes littéraires ou artistiques. Sans oublier la possibilité de scanner le QR Code afin de s’immerger encore plus dans la culture nipponne.

« Shamisen » se lit et se relit, émerveille et ne lasse à aucun moment. J’ai aimé me perdre dans les dessins et leurs détails. Un moment de pur bonheur de lecture.

Quelques avis:

Babelio Journal du Japon

Lu dans le cadre

Les bulles de la semaine sont à découvrir et lire chez Mokamilla.

18 commentaires sur “Shamisen

  1. Coucou, J’ai un post de BD programmé pour ce soir mais je ne me souviens plus qui organise la BD de la semaine ou la BD du mercredi. Tu aurais le lien?

    En ce qui concerne ta BD, je ne suis pas attirée par les BD asiatiques, à cause des mangas (graphisme) que je n’aime pas, mais celui-ci est différent, donc, à voir…

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    1. Pour répondre à ta première question, les bulles de la semaine sont chez Mokamilla.

      Quant à « Shamisen » le traitement graphique n’a rien à voir avec celui des mangas. Nous sommes plus dans le cadre d’une peinture traditionnelle, très onirique et poétique.

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