British Mysteries·Côté polar·Littérature anglaise

Son espionne royale et l’héritier australien

Londres 1934, Georgie est toujours aussi fauchée, malgré une mère richissime avec laquelle elle court les boutiques londoniennes. Tout irait bien si la mère de notre Lady de Rannoch n’avait pas abrégé son séjour à Londres pour rejoindre au plus vite son amant allemand, plantant sa fille sans hésitation pour une villégiature en Italie. Sans le sou et quasiment sans toit sur la tête, Georgie ne sait plus comment s’en sortir.

La solution arrive du palais de Buckingham : la Reine Mary appelle Georgie pour lui confier une mission. Non, cette fois pas de David à espionner. Comme elle connaît l’étiquette sur le bout des doigts, elle se voit confier la lourde tâche d’éduquer l’héritier de Kingsdowne  Place, dans le Kent, qui débarque, frais émoulu de la lointaine et sauvage Australie, pour faire de lui un parfait Duc d’Eynsford.

Notre Lady est, pour un temps, à l’abri du besoin et prend la route du Kent. A Kingsdowne Place, elle se trouve confrontée à une ambiance familiale quelque peu tendue : Edwina, la Duchesse douairière a du laisser les rênes du domaine à son second fils Cédric, le Duc d’Eynsford, très antipathique, plus préoccupé par ses lubies architecturales et artistiques ou de ses « étourneaux », jeunes gens du monde spectacle auxquels il s’est attaché, que par le bien-être des gens du Domaine. Il a recueilli, bon gré mal gré, sa sœur et ses trois enfants, suite au départ de l’époux avec une maîtresse. Tout est fait pour rappeler que ces dames et jeunes gens ne sont là que parce qu’il le veut bien. Aussi quand est annoncée l’arrivée du fils de l’aîné de la Duchesse douairière, tombé au champ d’honneur dans les tranchées de 14-18, la nouvelle perturbe l’équilibre de ce petit monde et exacerbe les rancoeurs. Au point que le Duc d’Eynsford, dans un moment de colère, annonce qu’il adopte son majordorme français. En a-t-il le droit ? Tout le monde se pose la question.

Entre les folies théâtrales de la troupe de jeunes gens efféminés dont s’est entouré l’antipathique et égoïste duc, les paroles acerbes de ce dernier envers les siens, les jumeaux qu’un précepteur tente, vaille que vaille, d’instruire et surtout d’éduquer à la mode anglaise, une jeune fille clouée dans un fauteuil roulant, un Darcy plus élégant et séduisant que jamais, un jeune berger australien très rustre, des tantes excentriques, un personnel de maison digne de celui de Downton Abbey et Queenie la femme de chambre reine des gaffes, Georgie aura le chic de tomber sur un cadavre et de se lancer dans une enquête surprenante.

« Son espionne royale et l’héritier australien » m’a, une fois de plus, entraînée avec jubilation à la suite de Lady de Rannoch, toujours aussi stricte sur ce que doit être une jeune aristocrate appartenant à la famille royale. Rhys Bowen souligne la condition des femmes de l’aristocratie anglaise qui peuvent être dépouillées de tout car un titre ne se transmet qu’aux hommes. Georgie commence à comprendre combien l’attitude de son amie Belinda ressemble à celle de sa mère, entre égoïsme, superficialité, opportunisme cynique et légèreté des mœurs, ce qui la rend beaucoup moins sympathique que dans les précédents opus. L’auteure aborde le choc des cultures entre l’Angleterre et ses traditions immuables et l’Australie, dominion lointain et contestataire. Chacun a son imagerie de l’autre dans sa tête : sauvagerie rustre d’un côté, esprit guindé et étriqué de l’autre.

Une aventure qui m’a beaucoup plu grâce a tout une galerie de personnages secondaires hauts en couleur et à des situations loufoques.

Traduit de l’anglais par Blandine Longre

Quelques avis :

Babelio Parfums de livres Lilly Bianca Bénédicte A livre ouvert Mylène

Lu dans le cadre

9 commentaires sur “Son espionne royale et l’héritier australien

  1. Oui, j’avais également passé un bon moment avec ce tome 7, appréciant lady Georgiana et la galerie de ses proches ainsi que les références à la famille royale. Je suis curieuse de lire ton avis sur le 8, de mon côté j’ai prévu de lire le tome 10, bonne semaine!

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