En sortir 24 pour 2024·Littérature québécoise

Encabanée

Anouk quitte son appartement confortable de Montréal pour partir vivre dans une cabane abandonnée, dans les bois de la région du Kamouraska, lieu de naissance des baleines bélugas.

Elle rompt avec le confort de la ville pour s’isoler au milieu de nulle part et affronter un très rude hiver. Elle renoue avec la nature et son rythme, avec le silence de la forêt, enfin silence relatif surtout la nuit, les gestes essentiels du quotidien : couper du bois, dégager les chemins, aller remplir plusieurs bidons d’eau pour tenir quelques jours, faire attention à ses réserves de nourriture. Elle peut, enfin, admirer le ciel étoilé, sans aucune pollution lumineuse, elle peut respirer l’air pur, l’odeur rassurante des sapins, elle peut goûter à la liberté.

Le froid hivernal arrive vite et avec lui une plus grande solitude, car il faut être fou pour passer un hiver canadien sans un confort basique.

Face à elle-même et à ses démons, Anouk brave chaque journée, sans téléphone, sans voiture, sans voisins. Les coyotes rôdent alimentant une peur ancestrale, un compagnon à quatre pattes s’incruste pour sa plus grande joie : moins de solitude et moins de souris. Elle a emporté, dans ses maigres bagages, ses auteurs et poètes préférés qu’elle lit et relit afin de nourrir son imaginaire, de se recentrer sur ses désirs, ses envies, sur l’essentiel afin d’apprivoiser cette terre et les paysages magnifiques du bas Saint-Laurent. Elle renoue avec ses racines, elle comprend qu’elle n’est qu’une hôte de passage, que l’endroit ne lui appartient pas, entreprend son voyage intérieur et tient un journal de bord. Un jour, un homme, Riopelle, frappe à sa porte, elle lui offre asile. Elle, dont la sensualité était malade de solitude, accepte ce compagnonnage en toute confiance. Ainsi passe l’hiver.

Cette rencontre fortuite lui fera comprendre les enjeux du militantisme écologique pour préserver une nature que le monde moderne saccage allègrement, sans se soucier des lendemains qui ne chanteront pas.

Même si le roman de Gabrielle Filteau-Chiba ne creuse pas le personnage principal, Anouk, ne s’arrête pas vraiment sur les sujets de la crise écologique ou du féminisme, j’ai aimé l’immersion totale au cœur d’un hiver rude et froid, j’ai aimé les atermoiements de la jeune femme solitaire face à des désirs inassouvis, j’ai aimé son combat pour tenir, seule, tout un hiver, sa recherche d’une autre manière de voir le monde et de vivre dans ce monde. J’ai aimé les expressions québécoises parsement le roman, le parti pris d’un récit à la Thoreau, mêlant la description de la nature à des questionnements philosophiques, sociaux ou autobiographiques., ce qu’on appelle le « nature-writing ». Cependant, l’autrice relate bien la quête de son héroïne qui au final trouvera des chemins pour élargir son horizon.

Un roman âpre et poétique dans lequel on a constamment froid comme Anouk.

Une très jolie découverte.

Quelques avis :

Babelio HCDhalem Geneviève

Lu dans le cadre

6 commentaires sur “Encabanée

  1. J’avoue avoir lu un extrait de ce livre (je ne me souviens pas pour quel concours, justement hors concours peut-etre)…et cela ne m’avait pas attire vraiment….mais pourquoi pas apres ta critique…;)

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    1. Bonjour Rachel, je sais que les avis sont très partagés au sujet de ce roman.

      J’ai rencontré l’autrice l’an dernier lors d’une rencontre-auteur organisée par ma libraire. J’ai bien aimé le discours de Gabrielle Filteau-Chiba ce qui m’avait donné envie de lire ses romans dont « Encabanée ». Plusieurs personnes de mon club lecture avaient beaucoup aimé le roman.

      J’espère que tu prendras plaisir à lire « Encabanée ».

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