Littérature française

Rhapsodie des chaussettes veuves

Le titre m’a beaucoup intriguée aussi est-ce pour cela que je l’ai choisi. La quatrième de couverture était également attirante : mettre en scène la Muse et le Conteur était amusant, comme un écho au théâtre grec antique.

C’est l’histoire d’un écrivain, pas encore publié, en pleine écriture d’un roman dont l’argument littéraire est la recherche des chaussettes orphelines. Où se cachent les chaussettes uniques ? Mystère.

Le récit alterne l’écriture du conte avec les menus faits du quotidien du romancier …. une rhapsodie faites de petits morceaux organisés selon la fantaisie du romancier, selon ses réflexions du moment, selon ce qu’il vit au sein de son couple. Ah … justement … le couple, une paire de personne. J’avoue avoir été désarçonnée par les premiers chapitres, ne voyant pas trop où m’emmenait le fil conducteur déroulé par l’auteur. Peu à peu, je me suis dit …. et si les chaussettes veuves n’étaient pas, tout simplement, une métaphore ou plus exactement une allégorie de la situation du narrateur. La chaussette perdue, objet concret, tangible, renverrait à l’impression de solitude et surtout d’incompréhension qu’il éprouve. Le conte, proche de la fantaisie, prend des accents philosophiques : quelle est ma place dans le couple, dans l’entourage proche, dans le monde ? Le narrateur est impossible à ranger dans une case et devient, aux yeux de son épouse, caricature de « l’exécutive woman », de la manager dynamique et battante, un homme transparent à la limite de l’inutile. Face à l’arrogance condescendante de sa moitié, le narrateur se sent parfois perdu, à l’image d’une chaussette dépareillée. Cependant, il y puise une force créatrice indéniable.

Avec justesse, le narrateur souligne l’inanité de quelques sphères parisiennes, celles des grandes entreprises comme celles des soupers littéraires. L’entre-soi rend invisible ce qui n’appartient pas au cercle, l’entre-soi parle une langue étrangère pour ceux qui ne sont pas de la partie, l’entre-soi n’ouvre aucune perspective, loin s’en faut.

« Rhapsodie des chaussettes veuves » est un roman surprenant par son apparente étrangeté. Or, très vite, le lecteur prend conscience des différents niveaux de lecture et parvient à en faire son miel grâce à l’humour grinçant de nombreuses scènes, parfois, il y a un aspect effrayant au cœur de certaines d’entre elles.

Si j’ai eu, en fermant le livre, une impression d’inachevé (j’aurais aimé rester un peu plus longtemps en compagnie du narrateur et de son imagination débordante) c’est que, hélas, l’auteur, Richard Laborier, est décédé (en plein confinement) avant d’apporter la touche finale à son roman.

Je remercie les éditions Portaparole pour l’envoi de ce roman insolite et agréable à lire.

Rhapsodie des chaussettes veuves par Richard Laborier

Rhapsodie des chaussettes veuves

Rhapsodie des chaussettes veuves

Richard Laborier

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5 commentaires sur “Rhapsodie des chaussettes veuves

  1. J’ai d’abord lu le titre trop vite et compris « chaussettes neuves » 😊. L’ironie et la justesse à la fois de l’adjectif « veuves » me semble à l’image du roman.

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