Littérature belge·Littérature classique

La Comtesse des digues

Je ne connaissais pas du tout cette auteure belge et c’est grâce au club de lecture auquel j’appartiens que j’ai pu lire « La Comtesse des digues » de Marie Gevers.

Quatrième de couverture :

« L’histoire passionnante d’une femme amoureuse d’un homme et d’un fleuve. Parviendra-t-elle à concilier ces deux amours si différents ? Il faudra que la comtesse des digues choisisse et qu’elle trouve, entre l’homme et le fleuve, une nouvelle harmonie. »

Suzanne dicte « Zanneke » suit son père, le comte des digues, depuis sa plus tendre enfance et le seconde depuis qu’il est malade. Elle connaît sur le bout des doigts le système des digues canalisant l’Escaut et permettant la culture de l’osier ou la culture maraîchère dans ce pays d’eau, de terre et de vent qu’est cette Flandre dont le temps passe au rythme des marées et du flux majestueux de l’Escaut.

Quand son père décède, la question de sa succession se pose sans se poser mais…. serait-ce bien raisonnable de laisser la main à une jeune femme ? A-t-on jamais vu cela de mémoire d’homme ? Sans compter que Suzanne est toujours célibataire et qu’il serait malvenu qu’elle succombe au charme de Triphon, l’employé de son père.

La nomination de Suzanne à la gestion des digues sera évidente et sans appel suite à un violent orage couplé à une forte marée. Au cours d’une nuit balayée par le vent et la pluie diluvienne, Suzanne n’a pas l’esprit tranquille, aussi sort-elle inspecter une digue qui ne lui semblait pas parfaite. Bien lui en prit car elle constate le danger imminent et prend aussitôt les mesures qui s’imposent. Son initiative sauve les cultures d’osier ainsi que l’avenir immédiat de la communauté d’exploitants.

Je n’en dévoilerai pas plus, l’histoire sentimentale n’étant pas le principal attrait du roman.

Ecrit en 1931 « La Comtesse des digues » est un roman magnifique sur une région de la Belgique flamande, celle des canaux et des polders, entrelacs de cultures qu’un mauvais entretien des digues protectrices peut ravager en une bourrasque de vent et des vagues déferlantes.

Suzanne est un personnage féminin doté d’une volonté opiniâtre et d’une sensibilité délicate. Elle est en harmonie avec la nature, avec l’Escaut qui rythme la vie des habitants. Elle a un caractère bien trempé et sait faire preuve d’autorité. Sa connaissance intime des digues fait d’elle la protectrice des biens de la communauté. Par ses compétences, elle accède à un poste jusque là toujours tenu par un homme ce qui révolutionne le petit monde de l’Escaut.

Suzanne est un très beau personnage, magnifique dans ses émois, ses interrogations, ses doutes et ses peurs. Sublime dans son amour pour les canaux et les champs d’osier oscillant au gré du vent, jeune fille élevée par un père qui ne l’a pas envoyée à l’école et qui l’a éduquée en lui faisant lire et étudier « Les aventures de Télémaque » de Fénelon. Avec elle, j’ai suivi les pérégrinations de l’Escaut, les marées dangereuses, les séances allongée dans l’herbe des digues à observer la course des nuages, le vol des oiseaux, à écouter chaque bruissement des oseraies. Je l’ai observée dans sa découverte de l’amour et celle du chagrin qui peut en découler. Je l’ai accompagnée dans son monde d’eau et de vent, voyageuse immobile appréhendant un paysage d’une beauté époustouflante. L’Escaut se jetant dans la Mer du Nord après un long voyage, tel un Télémaque à la recherche d’Ulysse.

« La Comtesse des digues » est un très beau roman à l’écriture sensible et poétique grâce auquel on ne peut que tomber amoureux de ce « pays où l’Escaut est roi ».

A noter la très belle postface de Vincent Vancoppenolle qui permet de prolonger le voyage littéraire.

Quelques avis :

Babelio Le carnet et les instants Anne7500 Le livre d’après Sens critique

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