Côté polar·Littérature française

Enquête royale à Buckingham

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La Reine Elizabeth II adore écouter, à l’insu de tous, les potins du palais. Un jour, elle surprend une conversation entre deux employées : l’une d’elle a trouvé un mystérieux journal intime dans une des chambres. Peu de temps après, la jeune femme de ménage disparaît. Que s’est-il passé ? Sa Majesté décide de mener l’enquête en toute discrétion car la teneur du journal, qui serait celui de Lady Diana, pourrait mettre à mal la Couronne d’Angleterre.

J’ai adoré le premier tome de la série de S.J. Bennett « Sa Majesté mène l’enquête » aussi ma curiosité a-t-elle été piquée par « Enquête royale à Buckingham » d’Anna Cazine. J’ai lu jusqu’au bout le roman tout en étant agacée par la ressemblance évidente avec la série anglaise. Anna Cazine, très respectueuse de la Reine et du cadre protocolaire de Buckingham. La trame est identique à celle mise en place par S.J. Bennett avec une légère différence : l’autrice décrit minutieusement, et sans doute trop et de manière redondante ce qui alourdit le récit, les journées au rythme immuable de la Reine. Anna Cazine installe son lectorat dans les pas de la souveraine qui aime les moments passés en famille, les instants partagés avec ses petits-fils, sa bienveillance envers son personnel, les promenades à cheval, les balades avec ses chiens, ses petites manies qui font d’elle une vraie personne. Le quotidien d’Elizabeth II est une atmosphère à lui seul ce qui m’a aidée à terminer ma lecture.

L’intrigue est bien menée, avec une Reine discrète mais rusée et très observatrice, réussissant à obtenir des indices pour son enquête : ce n’est qu’à la fin que le puzzle se met en place.

« Enquête royale à Buckingham » plaira aux amateurs du genre. Quant à moi, bien que je me sois laissée prendre à l’intrigue, je reste un brin dubitative.

Une lecture:

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Quelques avis:

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Le Mois anglais·Littérature anglaise·Littérature classique

Les forestiers

Grace Melbury revient dans son hameau natal, Little Hintock en lisière de la forêt qui fait la fortune des exploitants forestiers, après avoir terminé ses études et vécu parmi la bonne société, en ville.

Elle est parée de l’aura qui entoure celle qui est au-delà des limites du comté, des vallons et des bois, de l’aura de celle à qui les bonnes manières ont été enseignées, de celle qui a reçu un savoir et donc la possibilité de frayer avec des cercles autres que paysans ou commerçants.

Son avenir semble tout tracé en vertu d’un accord entre son père et celui d’un voisin, Giles Winterbone. Melbury père s’en veut d’avoir « volé » la fiancée de Winterbone père et souhaitait réparé son tort en promettant sa fille au fils Winterbone. Tout paraît clair, bien ordonnancé comme les clairières et les piles de bois en attente de la scierie ou de l’âtre. Las, car il y a toujours un « mais », c’est sans compter les nouvelles aspirations de Grace. Elle a découvert, lors de ses études, qu’il y a beaucoup de choses à découvrir ailleurs, qu’il y a des ambitions possibles à assouvir et surtout d’autres rêves à atteindre.

Grace se rend compte du décalage social, et surtout culturel, entre le milieu urbain éduqué et le petit monde paisible, simple, de Little Hintock. Pourtant, elle aime le paysage boisé, les collines alentours, sa maison natale, ses parents. Néanmoins, il lui manque le quelque chose auquel elle a goûté en ville, ce fruit qui ouvre l’appétit d’apprendre, de savoir et d’être autrement que dans la simplicité rustique. C’est cela qui gêne Grace, la rusticité du hameau et de ses habitants.

La présence d’un jeune médecin, remplaçant de l’ancien docteur connu de tous, attise les convoitises et surtout la curiosité de le gente féminine, l’intrigant Edred Fitzpiers à qui les bonne âmes prêtent des activités de sorcellerie. Le mystère entoure le jeune homme qui expliquera à Grace sa soif d’expériences et de connaissances scientifiques. Cette dernière ne restera pas indifférente au charme presque sulfureux du jeune docteur. Au grand dam de Giles, resté aux lisières de l’histoire sentimentale tissée par les ambitions et rêves d’un médecin aux audaces de carriériste et d’une jeune fille encore naïve.

Grace a-t-elle fait le bon choix en privilégiant ses nouvelles aspirations de jeune femme éduquée au lieu de cultiver ses envies et sentiments profondément sincères ?

Tout au long du roman, Thomas Hardy s’attache à montrer combien la tromperie dans les sentiments, les erreurs d’aiguillages d’une vie peuvent provoquer malheurs et désespérances. Est-ce judicieux de permettre aux jeunes filles du monde rural et paysan, d’accéder à une meilleure éducation que leurs parents ? N’est-ce pas les perdre dans des désirs d’élévation qui ne sont pas les leurs ? N’est-ce pas les éloigner de la simplicité des sentiments, de la tradition ? Il est dommage que l’auteur n’ait pas mieux mis en lumière qu’une éducation approfondie donnaient des outils aux eunes femmes pour mieux raisonner et comprendre la perfidie de la nature humaine. Sans doute a-t-il souhaité que Grace reste une jeune fille puis une jeune femme naïve et rêveuse. A mon sens, Grace vaut mieux que cela. Certes, elle est victime d’un aveuglement passager qui l’entraînera dans la peine et une vie bien sombre, mais elle n’est pas sans saveur ni personnalité. L’époque fait que les erreurs commises ne pardonnent pas aux femmes alors que les hommes peuvent rebondir à leur détriment.

Le personnage d’Erdred Fitzpiers est un monstre de fatuité, d’égoïsme et de méchanceté aux antipodes de celui de Giles Winterbone. Ces deux hommes représentent les deux côtés du Romantisme : le sombre empreint de dangers et le lunaire perdu dans les méandres de l’amour véritable et idéalisé. Le premier croque dans les plaisirs de la vie au mépris d’autrui tel un diable courtois, le second rêve, en conscience de son malheur, et espère que son horizon s’éclaircira grâce à sa contance et sa droiture…. il y a souvent du Jane Austen chez Thomas Hardy dans le sens où il sait observer, sans concession, les travers de la nature humaine avec intelligence, humanité et émotions. Cependant, il est plus sombre et plus pessimiste que Jane Austen ce qui contrebalance à merveille cette comparaison : tout est rarement absolument joyeux dans cette Angleterre corsetée et compassée.

« Les forestiers » est une perle, un bijou romanesque écrit par un auteur anglais, hélas méconnu, qui mériterait d’être beaucoup plus lu. Ses descriptions d’une nature mélancolique, romanesque, à l’aune de la tristesse de ses personnages, la magnifient par son style exquis.

Traduit de l’anglais par Antoinette Six

Quelques avis :

Babelio Charlotte

Lu dans le cadre

La cuisine de Chatperlipopette·Le Mois anglais

Les petits pois à la menthe

Depuis le temps que j’entendais parler des petits pois à la menthe quand la gastronomie anglaise était évoquée au cours de discussions culinaires, cette année j’ai franchi le pas et j’ai testé ce dimanche midi. Je me suis inspirée des recettes de Simple & Gourmand et La petite cuisine de Nat.

Les ingrédients:

  • 400 g de petits pois frais (de chez La taupe écologique, sis à Moustéru)
  • 2 gousses d’ail
  • 2 petits oignons blancs nouveaux (de chez la Taupe)
  • sel
  • 2 beaux brins de menthe (de notre jardin « punk »)

Déroulement:

  • écosser les petits pois
  • remplir une casserole d’eau, mettre petits pois et menthe
  • porter à ébullition, ajouter le sel
  • laisser cuire à feu moyen pendant 35 mn
  • stopper la cuisson des petits pois en les plongeant dans de l’eau très froide (plusieurs bains si nécessaire)
  • pendant ce temps, dans une sauteuse, faire revenir l’oignon et l’ail écrasé, au presse-ail, dans de l’huile neutre.
  • ajouter les petits pois bien refroidis, et bien verts, pour les réchauffer avant de servir avec des « saucisses » végétales (bien entendu pour ceux qui mangent carné, les saucisses ne sont pas végétales)
  • servir et déguster

La menthe ajoute une fraîcheur très agréable aux petits pois et en rehausse la saveur. Finalement, cette alliance, peu ordinaire, est excellente.

Cuisiné dans le cadre du

La cuisine de Chatperlipopette·Le Mois anglais

Les scones végétaliens

Dimanche dernier je tentais la Coronation quiche, aujourd’hui je me suis lancée dans la réalisation de scones végétaliens. Les scones …. un « Tea time » sans eux est impensable. J’ai trouvé la recette chez Hélène Turner, où on peut glaner de nombreuses recettes aussi appétissantes les unes que les autres. Sa recette est simple et inratable sans compter que le résultat est délicieux.

Ingrédients:

  • 540 g de farine T80
  • 80 g d’huile d’olive (j’ai utilisé de l’huile neutre)
  • 50 g de sucre (j’ai utilisé du sucre de canne complet -du rapadura –
  • 2 sachets de poudre à lever
  • 1 pincée de sel
  • 350 ml de « lait » végétal (j’ai utilisé du lait d’amande)

Déroulement:

  • dans un saladier, verser la farine, le sucre, la poudre à lever et le sel. Bien mélanger.
  • ajouter l’huile puis, doucement, le lait végétal.
  • mélanger jusqu’à l’obtention d’une boule de pâte.
  • sur un plan de travail fariné, déposer la boule de pâte, l’étaler au rouleau à pâtisserie sur une épaisseur de 2/3 cm.
  • avec un verre (pas trop large) faire des ronds à disposer sur une plaque.
  • enfourner à 180° pour 15 mn.
  • déguster avec un thé de l’après-midi et de la confiture ou de la margarine.

Recette réalisée dans le cadre des gourmandise du Mois anglais

Côté polar·Le Mois anglais·Littérature anglaise

Les petits meurtres à l’heure du thé: briseur de coeurs

Depuis plusieurs semaines l’envie de découvrir cette nouvelle série, proche du cosy mystery, me taraudait. Comme elle met en scène un nouveau couple de détectives, je me suis lancée dans la lecture du premier opus « briseur de coeurs ».

Kitt Hartley est bibliothécaire à l’université de York, petite ville anglaise tranquille, depuis dix ans, depuis que Theo, son ex-compagnon l’a quittée sans aucune explication pour disparaître de sa vie. Coeur brisé, Kitt préfère les romans policiers aux aventures masculines tant elle a peur de souffrir encore. Elle consacre ses soirées à ses lectures, à son chat Lago et à sa meilleure amie Evie, masseuse dans un salon de beauté.

Elle travaille en harmonie (et avec complicité) avec son assistante Grace, une « as » des recherches sur internet et pro de la préparation du thé Lady Grey qu’elle consomme sans modération.

Tout bascule le jour où l’ex petit ami d’Evie est retrouvé mort empoisonné avec un stylo planté dans la poitrine et un message reprenant mot pour mot une phrase d’Evie postée sur sa page Facebook. Evie est suspectée malgré les protestations de Kitt. Il faut dire que tout concorde pour accuser Evie de meurtre.

Avec opiniâtreté, Kitt, aidée par Grace, mettra tout en œuvre pour prouver l’innocence de sa meilleure amie et démasquer le vrai tueur.

Que dire de ce roman ?

L’intrigue est intéressante, c’est indéniable, je voulais connaître l’issue de l’enquête et jusqu’au bout je me suis demandé, qui, dans l’entourage des protagonistes, pouvait être l’assassin.

Par contre, la manière de mener l’enquête est décevante, tout est trop téléphoné dans l’évolution des relations entre Kitt et l’inspecteur principal Malcom Halloran, les personnages secondaires n’ont pas assez d’épaisseur et c’est dommage. Leurs ficelles sont trop grossières pour qu’on y croit plus de cinq minutes : l’auteure peut ainsi saupoudrer son texte d’une pincée de féminisme par-ci, d’une autre pincée d’humour par-là, ou faire évoluer un personnage excentrique (la vieille femme au don de voyance émoussé) pour justifier une arme de défense utilisée en fin de roman.

Helen Cox n’a pas réussi à me convaincre quant à l’efficacité de son héroïne qui est en fait trop tant dans sa romance avec l’inspecteur que dans son attitude de suffragette. Au final, elle ne m’a pas paru crédible pour deux sous.

Je ne suis pas parvenue à m’attacher aux personnages, je les ai même trouvés franchement horripilants. L’auteure donne dans l’humour sauf que, pour moi, il tombe à plat, sans saveur, sans la truculence d’une Agatha Raisin, sans la classe d’une Lady Georgiana dicte Son Espionne royale, sans le flegme écossais d’un Hamish Macbeth ou l’humour du couple Samson et Delilah de la série « Les détectives du Yorkshire ».

« Les petits meurtres à l’heure du thé, briseur de coeurs » a été une lecture très décevante. D’habitude je parviens toujours à trouver des points positifs, là j’ai séché.

Traduit de l’anglais par Marie Chabin

Quelques avis :

Babelio Ma toute petite culture Lou Mylène Eva Les pipelettes

Lu dans le cadre

Le Mois anglais·Littérature anglaise·Littérature classique·Poésie

Ode to a Nightingale/Ode à un rossignol

Claude Turquety, sur le groupe FB du Mois anglais, a posté le sonnet 116 de Shakespeare. J’ai trouvé l’initiative excellente car on ne partage jamais assez de poésie. Je ne suis pas anglophone, cependant j’aime les sonorités de l’anglais (même si je ne comprends que quelques mots) lorsque je lis, silencieusement, un poème anglais.

J’ai choisi, pour ce 6 juin, ce poème de John Keats (1795-1821), Ode à un rossignol.

My heart aches, and a drowsy numbness pains
  My sense, as though of hemlock I had drunk,
Or emptied some dull opiate to the drains
  One minute past, and Lethe-wards had sunk:
Tis not through envy of thy happy lot,
  But being too happy in thine happiness, —
    That thou, light-winged Dryad of the trees,
          In some melodious plot
  Of beechen green, and shadows numberless,
    Singest of summer in full-throated ease.

Mon cœur souffre et la douleur engourdit
Mes sens, comme si j’avais bu d’un trait
La ciguë ou quelque liquide opiacé,
Et coulé, en un instant, au fond du Léthé :
Ce n’est pas que j’envie ton heureux sort,
Mais plutôt que je me réjouis trop de ton bonheur,
Quand tu chantes, Dryade des bois aux ailes
Légères, dans la mélodie d’un bosquet
De hêtres verts et d’ombres infinies,
L’été dans l’aise de ta gorge déployée.

O, for a draught of vintage! that hath been
  Cool’d a long age in the deep-delved earth,
Tasting of Flora and the country green,
  Dance, and Provencal song, and sunburnt mirth!
O for a beaker full of the warm South,
  Full of the true, the blushful Hippocrene,
    With beaded bubbles winking at the brim,
          And purple-stained mouth;
  That I might drink, and leave the world unseen,
    And with thee fade away into the forest dim:

Oh, une gorgée de ce vin !
Rafraîchi dans les profondeurs de la terre,
Ce vin au goût de Flore, de verte campagne,
De danse, de chant provençal et de joie solaire !
Oh, une coupe pleine du Sud brûlant,
Pleine de la vraie Hippocrène, si rougissante,
Où brillent les perles des bulles au bord
Des lèvres empourprées ;

Fade far away, dissolve, and quite forget
  What thou among the leaves hast never known,
The weariness, the fever, and the fret
  Here, where men sit and hear each other groan;
Where palsy shakes a few, sad, last gray hairs,
  Where youth grows pale, and spectre-thin, and dies;
    Where but to think is to be full of sorrow
          And leaden-eyed despairs,
  Where Beauty cannot keep her lustrous eyes,
    Or new Love pine at them beyond to-morrow.

Disparaître loin, m’évanouir, me dissoudre et oublier
Ce que toi, ami des feuilles, tu n’as jamais connu,
Le souci, la fièvre, le tourment d’être
Parmi les humains qui s’écoutent gémir.
Tandis que la paralysie n’agite que les derniers cheveux,
Tandis que la jeunesse pâlit, spectrale, et meurt ;
Tandis que la pensée ne rencontre que le chagrin
Et les larmes du désespoir,
Tandis que la Beauté perd son œil lustral,
Et que l’amour nouveau languit en vain.

Away! away! for I will fly to thee,
  Not charioted by Bacchus and his lepards,
But on the viewless wings of Poesy,
  Though the dull brain perplexes and retards:
Already with thee! tender is the night,
  And haply the Queen-Moon is on her throne,
    Cluster’d around by all her starry Fays;
          But here there is no light,
  Save what from heaven is with the breezes blown
    Through verdurous glooms and winding mossy ways.

Fuir ! Fuir ! m’envoler vers toi,
Non dans le char aux léopards de Bacchus,
Mais sur les ailes invisibles de la Poésie,
Même si le lourd cerveau hésite :
Je suis déjà avec toi ! Tendre est la nuit,
Et peut-être la Lune-Reine sur son trône,
S’entoure-t-elle déjà d’une ruche de Fées, les étoiles ;
Mais je ne vois ici aucune lueur,
Sinon ce qui surgit dans les brises du Ciel
à travers les ombres verdoyantes et les mousses éparses.

I cannot see what flowers are at my feet,
  Nor what soft incense hangs upon the boughs,
But, in embalmed darkness, guess each sweet
  Wherewith the seasonable month endows
The grass, the thicket, and the fruit-tree wild;
  White hawthorn, and the pastoral eglantine;
    Fast fading violets cover’d up in leaves;
          And mid-May’s eldest child,
  The coming musk-rose, full of dewy wine,
    The murmurous haunt of flies on summer eves.

Je ne peux voir quelles fleurs sont à mes pieds,
Ni quel doux parfum flotte sur les rameaux,
Mais dans l’obscurité embaumée, je devine
Chaque senteur que ce mois printanier offre
à l’herbe, au fourré, aux fruits sauvages ;
à la blanche aubépine, à la pastorale églantine ;
Aux violettes vite fanées sous les feuilles ;
Et à la fille aînée de Mai,
La rose musquée qui annonce, ivre de rosée,
Le murmure des mouches des soirs d’été.

Darkling I listen; and, for many a time
  I have been half in love with easeful Death,
Call’d him soft names in many a mused rhyme,
  To take into the air my quiet breath;
Now more than ever seems it rich to die,
  To cease upon the midnight with no pain,
    While thou art pouring forth thy soul abroad
          In such an ecstasy!
  Still wouldst thou sing, and I have ears in vain —
    To thy high requiem become a sod.

Dans le noir, j’écoute ; oui, plus d’une fois
J’ai été presque amoureux de la Mort,
Et dans mes poèmes je lui ai donné de doux noms,
Pour qu’elle emporte dans l’air mon souffle apaisé ;
à présent, plus que jamais, mourir semble une joie,
Oh, cesser d’être — sans souffrir — à Minuit,
Au moment où tu répands ton âme
Dans la même extase !
Et tu continuerais à chanter à mes oreilles vaines
Ton haut Requiem à ma poussière.

Thou wast not born for death, immortal Bird!
  No hungry generations tread thee down;
The voice I hear this passing night was heard
  In ancient days by emperor and clown:
Perhaps the self-same song that found a path
  Through the sad heart of Ruth, when, sick for home,
    She stood in tears amid the alien corn;
          The same that oft-times hath
  Charm’d magic casements, opening on the foam
    Of perilous seas, in faery lands forlorn.

Immortel rossignol, tu n’es pas un être pour la mort !
Les générations avides n’ont pas foulé ton souvenir ;
La voix que j’entends dans la nuit fugace
Fut entendue de tout temps par l’empereur et le rustre :
Le même chant peut-être s’était frayé un chemin
Jusqu’au cœur triste de Ruth, exilée,
Languissante, en larmes au pays étranger ;
Le même chant a souvent ouvert,
Par magie, une fenêtre sur l’écume
De mers périlleuses, au pays perdu des Fées.

Forlorn! the very word is like a bell
  To toil me back from thee to my sole self!
Adieu! the fancy cannot cheat so well
  As she is fam’d to do, deceiving elf.
Adieu! adieu! thy plaintive anthem fades
  Past the near meadows, over the still stream,
    Up the hill-side; and now ’tis buried deep
          In the next valley-glades:
  Was it a vision, or a waking dream?
    Fled is that music:— Do I wake or sleep?

Perdu ! Ce mot sonne un glas
Qui m’arrache de toi et me rend à la solitude !
Adieu ! L’imagination ne peut nous tromper
Complètement, comme on le dit — ô elfe subtil !
Adieu ! Adieu ! Ta plaintive mélodie s’enfuit,
Traverse les prés voisins, franchit le calme ruisseau,
Remonte le flanc de la colline et s’enterre
Dans les clairières du vallon :
était-ce une illusion, un songe éveillé ?
La musique a disparu : ai-je dormi, suis-je réveillé ?

Traduit de l’anglais par Albert Laffay

Tableau: Keats à l’écoute du rossignol à Hampstead Heath, par son ami Joseph Severn.

Dans le cadre du Mois anglais

La bibli des p'tits chats·Le Mois anglais·Littérature anglaise

Journal d’un chat assassin

Tuffy est un chat comme tous les autres chats : il a l’instinct de la chasse. Mais à chaque fois qu’il rapporte chez lui, les proies du jour il a droit aux sanglots d’Ellie sa jeune maîtresse et aux regards furibonds des parents d’Ellie.

Le summum est atteint quand la famille découvre le corps sans vie de Thumper, le lapin domestique des voisins. Pour les trois humains il n’y a aucun doute : l’assassin de Thumper ne peut qu’être Tuffy, leur chat serial killer. Comment se débarrasser de la dépouille et surtout comment éviter d’être mis au ban de la société par les voisins ?

« Journal d’un chat assassin » d’Anne Fine est un texte humoristique et tendre à la fois dans lequel sont abordés les relations entretenues par les humains avec leurs animaux domestiques. Ellis aimerait tant que Tuffy ne suive pas son instinct qu’elle fond en larmes dès que, tout content, il dépose ses « cadeaux » à l’entrée de la maison. Quant à Tuffy, il imagine tout ce qu’un chat digne de ce nom peut imaginer : les humains devraient être à ses genoux et le voir comme le roi qu’il est. D’ailleurs les illustrations de Véronique Deiss sont délicieusement amusantes et aident l’enfant lecteur débutant à comprendre certaines expressions telle que « botter notre chat » ou « pleurer comme une fontaine ».

Les lecteurs débutants vivant avec un chat ne pourront que se reconnaître dans le personnage d’Ellie qui aime beaucoup son chat sans pour autant accepter sa nature féline. Qu’est censé faire un chat quand il voit une souris ou un oiseau devant lui ? Comme le dit, avec malice, Tuffy « je suis un chat tout de même ».

J’ai beaucoup aimé ce chat qui ne mâche pas ses mots et ne concède rien à ses humains. Tuffy encaisse les remontrances, la visite chez le vétérinaire, véritable épisode épique, et l’enfermement dans la maison avec un humour incroyable. J’ai ri à chaque page d’autant plus que les illustrations sont excellentes et mettent en valeur le comique des situations.

Le procédé littéraire du journal intime, choisi par l’autrice, participe également à l’humour du texte ainsi qu’à son rythme bien mené.

« Journal d’un chat assassin » s’adresse à un jeune lectorat à partir du CE2 et permet aux jeunes lecteurs de comprendre la nature d’un animal familier et domestique tel que le chat qui ne peut absolument pas aller à l’encontre de son instinct. De plus, le récit montre qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences et ne pas tirer de conclusions trop hâtives.

Traduit de l’anglais par Véronique Haïtse

Illustrations de Véronique Deiss

Quelques avis :

Céline Radio France

Lu dans le cadre

La cuisine de Chatperlipopette·Le Mois anglais

La Coronation quiche

J’ai décidé de participer aux dimanches culinaires du Mois anglais. Pour l’occasion, j’ai choisi de réaliser la recette de la désormais célèbre Coronation quiche servie lors du Couronnement du roi Charles III.

Ingrédients:

  • 1 pâte feuilletée (on peut utiliser aussi de la pâte brisée)
  • 2 oeufs (des cocottes du voisin)
  • du thym, de la sauge (je n’avais pas d’estragon), de l’ail, sel et poivre
  • 250 ml de lait de soja
  • 50 ml de crème soja
  • du râpé végétal, type cheddar
  • 200 g de fèves décortiquées
  • 150 g d’épinard (cuisinés nature)

Déroulement:

  • écosser les fèves, les cuire dans l’eau bouillante pendant 15 mn
  • préchauffer le four à 200°
  • les refroidir dans l’eau froide afin d’ôter la fine peau
  • étaler la pâte feuilletée dans le moule à tarte
  • étaler une partie du râpé au fond
  • déposer les épinards cuits
  • verser l’appareil dans lequel vous avez mis les épices et herbes aromatiques ainsi que le reste du râpé
  • répartir les fèves décortiquées, faire en sorte que l’appareil les recouvre
  • enfourner pour 30 bonnes minutes
  • servir avec une salade verte et… bon appétit!

Recette trouvée chez Vanessa et je m’en suis inspirée.

Réalisée dans le cadre du Mois anglais

Chat m'plaît·chatperlipopette's chat-lon·Le Mois anglais

Le Mois anglais, 12ème édition

Depuis le confinement de 2020, je participe au célèbre « Mois anglais » organisé par Lou Titine et Cryssilda. Cette année, encore, le programme est des plus alléchants d’autant plus qu’il y en aura pour tous les goûts.

On peut participer sur les blogs, sur le groupe Facebook du Mois anglais et sur Intagram, compte @lemoisanglaisofficiel et #lemoisanglais. Les organisatrices conseillent aux participantes et participants de taguer et d’utiliser le fameux # pour les aider à suivre tout le monde. Comment faire pour être visible? Déposer le lien des chroniques sur les blogs de Martine (Titine) et de Lou.

Le programme, le programme, le programme!

-1er juin : A vos pals !

-2 juin : Maison (une maison ayant un rôle important dans le roman, un titre comportant le mot maison ou une maison en couverture)

-4  juin : food n’drinks

-5 juin : kids/YA

-7 juin : couple

-9 juin : essai/document/biographie/autobiographie

-11 juin : food n’drinks

-12 juin : adolescence

-14 juin : gothique

-16 juin : girl power

-18 juin : food n’drinks

-19 juin : roman noir/thriller/policier

-21 juin : Elizabeth (prénom de l’héroïne, de l’autrice ou reines d’Angleterre)

-23 juin : Londres

-25 juin : food n’drinks

-26 juin : nature

-28 juin : romantisme

-30 juin : un classique de la littérature anglaise

Bien entendu, totale liberté pour le suivre à la lettre ou dans les grandes lignes. Pour ma part, j’ai choisi un titre qui regroupera plusieurs thèmes.

Mes prévisions de lecture:

« La Dame en blanc » de Wilkie Collins

« Les forestiers » ou « Retour au pays natal » de Thomas Hardy

« Petits meurtres à l’heure du thé: briseurs de coeur » de Helen Cox

« La saga des Cazelet » T2 d’Elizabeth Jane Howard

« Un manoir en Cornouailles » d’Eve Chase

« Le journal du chat assassin » de Anne Fine

« Silence radio » d’Alice Oseman

Côté cuisine:

La Coronation quiche

Les petits pois à la menthe

La soupe « London particular » version végétalienne

Le Carrot cake

Les scones végétaliens

Côté séries/films:

« The fall » / « Flowers » / « Duchesse »

« Enola Holmes »

Enjoy en Juin!