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Les chroniques de St Mary T1: D’un monde à l’autre

« Derrière la façade très académique de l’institut St Mary, les équipes d’historiens, de techniciens, de chercheurs ont découvert le secret du voyage dans le temps. Ici on n’étudie pas seulement le passé, on le visite… »

Madeleine Maxwell, jeune historienne, a tout juste terminé ses brillantes études universitaires. Elle rencontre, à point nommé, une de ses anciennes professeurs, Mrs de Winter, qui l’aiguille vers une postulation à l’Institut de recherche de St Mary. Très vite, le jeune femme comprend que la recherche historique n’est qu’un pan des activités de l’Institut qui bouillonne d’agitation et de dynamisme. C’est que l’Institut, grâce à ses chercheurs, ses techniciens, maîtrise le voyage dans le temps et cela ne peut qu’enthousiasmer Madeleine, dite Max, qui voit s’offrir à elle l’opportunité de sa vie : comprendre, en direct, les grands événements historiques.

Elle apprendra à connaître ses pairs et les membres du personnel lors d’un entraînement extrême et rigoureux, à être rompue à toutes sortes de situations aussi improbables les unes que les autres. C’est que l’Institut St Mary n’envoie pas ses Historiens chercheurs n’importe comment dans le passé : les équipes mixtes voyagent dans des capsules de haute technologie et doivent suivre une méthode de travail particulière : étude en temps réel des événements majeurs de l’Histoire, sans interférer avec les contemporains, en nettoyant impérativement avec application l’endroit où les capsules se sont posées et surtout sans rapporter quoi que ce soit du passé pour ne pas chambouler le futur.

Au cours de l’entraînement intensif, les « stagiaires » se dévoilent, les personnalités s’affirment, les amitiés et les inimitiés s’instaurent. Cependant, le maître mot est solidarité … St Mary n’abandonne jamais les siens. Max considère, peu à peu, l’Institut comme sa maison et ses membres comme sa famille. Une famille qu’elle n’a plus pour des raisons mystérieuses que le récit dévoilera, un peu, au cours de son déroulement.

Comment ne pas tomber sous le charme de ces chercheurs farfelus, déjantés, à l’humour féroce et aux empoignades faciles ? J’ai tout de suite aimé Max et sa solitude, Leon Farrell le Chef technicien et sa sollicitude, le Boss grincheux, Mme Cleo Partridge son assistante guindée et parfois sarcastique apparaissant toujours de nulle part. Les personnages sont attachants et bien incarnés sous la plume de l’autrice Jodi Taylor qui ouvre brillamment, avec « D’un monde à l’autre », sa série de SF et de Fantasy « Les chroniques de St Mary ». Il faut savourer les ambiances des romans de voyage dans le temps et se laisser porter par la verve, l’humour et le sens de la narration de l’autrice. C’est un vrai régal, du début à la fin. Pas de temps mort, de l’action, des trahisons (bien entendu il y a des luttes de pouvoir entre deux factions et celle de Clive Ronan, donc des méchants escompte rendre lucratif le voyage temporel), de l’héroïsme, de l’amour et des moments inoubliables au Crétacé parmi les dinosaures ou encore à Alexandrie alors que sa Grande Bibliothèque flambe. Cette luxuriance de rebondissements et de situations parfois rocambolesques est tout sauf du grand Guignol. Non, car le plan historique est intéressant sans se prétendre expert. Aussi, les grincheux qui ne supportent les libertés prises par l’autrice peuvent passer leur chemin car les aventuriers de l’Institut St Mary sont là pour ébouriffer les lecteurs, les coller dans leur fauteuil en leur faisant vivre mille et une émotions, les embarquer dans un tourbillon qu’ils n’auront pas envie de quitter.

Traduit de l’anglais par Cindy Colin Kapen

Quelques avis:

Babelio L’ours inculte Bianca Sophie A touch of blue marine Some times a book

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#Un mois au Japon·Littérature japonaise·nouvelles

Le citron

La couverture m’avait attirée telle une mouche attirée par le miel, le nom de l’auteur, Kajii Motojirô, inconnu, m’ont incitée à acquérir le recueil de nouvelles.

La nouvelle éponyme du recueil, « Le citron » a été écrite pendant l’ère Taishô, au début du XXè siècle, période à laquelle le Japon, après avoir vécu replié sur lui-même plus de deux siècles, s’ouvre au monde extérieur et accueille, par voie de conséquence, de nouvelles visions du monde. Cette ouverture à d’autres cultures, notamment européennes, provoque le chamboulement d’une réalité japonaise ébranlée par « des courants antagonistes, d’ambitions et d’agitation sociale, de nostalgie et de rêves. » Ce moment unique montre aux écrivains d’autres possibilités de création, de nouvelles voies artistiques et culturelles à explorer.

« Le citron » a fait de son auteur un classique de la littérature moderne japonaise dans laquelle la confession a une large part, « la vie devient un art » et se raconte sans fard, dans ses tout petits riens et son intimité, avec poésie.

Kajii Motojirô, dans les huit nouvelles composant le recueil « Le citron », met en avant l’introspection, parfois crue, avec poésie et art de la contemplation.

« Pour tout dire, j’aime les citrons. J’aime leur couleur pure, comme celle de la peinture. » prétexte à réfléchir sur la vie, sur sa vie et sa santé fragile. Le citron est promesse de voyage au-delà des mers, peut être aussi froid qu’acide, titillant les papilles et exacerbant les sensations. Le regard autour de lui, sur les objets, les gens, la faune ou la flore, est « la seule manière vivante de vivre ». Regarder est source d’inspiration et certitude de vivre quelque chose grâce aux souvenirs ressurgissant dans la saveur particulière du citron. A chacun sa madeleine !

Son credo ? Prendre son temps afin de voir, vraiment, les choses, les êtres et la nature. Se poser et regarder exigent la lenteur, un rapport au temps sans frénésie. Regarder, comprendre, peindre avec des mots ou des couleurs, narrer, se souvenir et réfléchir au pourquoi des choses, réfléchir sur les sentiments, les sensations ou la fugacité d’un moment précieux, l’impermanence de la beauté du monde. Le temps est suspendu l’espace de la floraison des cerisiers, de quelques journées d’hiver, de l’observation d’une conduite d’eau anodine ou encore l’espace d’appréhender des hallucinations musicales. L’univers se cache dans ces petits riens, ce quotidien de l’inattendu.

« Le citron » est un recueil qui se savoure en dégustant un excellent thé vert. On y revient, on relit, on s’imprègne d’une temporalité qui n’est plus. On se laisse dériver, sans occulter les difficultés, pour approcher l’essence d’une vie avec juste ce qu’il faut d’acidulé car la beauté se mêle toujours à la souffrance.

Traduit du japonais par Christine Kodama de Larroche.

Quelques avis :

Babelio Journal du Japon Bouchra Benteta

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Le mois italien·Littérature italienne·Non fiction/ Essai

La librairie sur la colline

« Alba Donati, poétesse et critique littéraire, menait une vie trépidante. Pourtant, à la cinquantaine, elle décide de tout quitter pour retourner à Lucignana, le village de Toscane où elle est née, et ouvrir sa librairie dans une jolie bâtisse à l’orée des bois, sur la colline. »

L’autrice relate dans « La librairie sur la colline » comment elle a réalisé son rêve d’ouvrir une librairie dans son village natal, en Toscane, loin de tout et près des gens. Pour cela, elle abandonne une belle carrière dans l’édition, une vie citadine riche en événements culturels et en rencontres, pour renouer avec l’essentiel : les livres, les faire vivre en les conseillant aux lecteurs en librairie. Débute une aventure humaine mouvementée : entre incendie restrictions de circulation et le confinement de 2020, Alba Donati devra puiser courage, obstination et foi en l’avenir pour conserver sa librairie et offrir du bonheur à celles et ceux qui franchissent son seuil.

En suivant, sur six mois, le journal qu’elle tient au quotidien, tout un monde se déploie sous les yeux du lecteur. L’ouverture d’un lieu culturel dans un endroit perdu, presqu’au bout du monde, mais sublimé par le merveilleux paysage toscan que l’on peut admirer depuis le jardin de la librairie, agrandit le monde du village, ouvre de multiples fenêtres tant pour les habitants que pour les lecteurs de passage. La librairie existe parce qu’il y a eu un financement participatif, suite à l’incendie qui l’a ravagée et a mis à mal le moral d’Alba. L’élan de solidarité est à la hauteur des sublimes montagnes aux douces rondeurs. Une solidarité essentiellement féminine aide Alba à faire vivre cet endroit surprenant : les collants, aux citations extraites des œuvres de Jane Austen, venus d’Israël, les thés créés sur mesure en fonction des autrices préférées d’Alba, les confitures comme celle de Virginia Woolf à l’orange amère et au whisky, les courriels chaleureux d’une lectrice citadine, sont autant de petite bulles de bonheur que l’on savoure dans la douceur toscane.

L’autrice raconte son enfance, sa famille quelque peu décalée dans des passages très émouvants sans être tristes. Des parents qui se séparent sans cesser de penser à l’un et à l’autre, une mère dont la mémoire s’effiloche chaque jour davantage. Un douleur constante pour l’autrice qui a toujours eu du mal à accepter la séparation violente de ses parents. Et si la librairie devenait une thérapie ?

Le récit construit comme un journal de bord est celui d’un combat, parfois acharné, d’une femme qui veut réaliser enfin son rêve, celui de tenir une librairie. J’ai suivi son parcours courageux au milieu des livres, parmi ses listes que j’ai adorées et qui m’ont, bien entendu, donné de nombreuses idées de lecture. Surtout, il donne envie de partir en Toscane, dans le petit village de Lucignana et de s’installer, dans le jardin de la librairie, face aux montagnes, avec un thé, des scones à la confiture et un livre que l’on achètera avant de repartir.

Un très agréable moment de lecture, riche de rencontres humaines et littéraires.

Traduit de l’italien par Nathalie Bauer

Quelques avis:

Nicole Eva Christlbouquine Titine75 Babelio Le Monde

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An american year·Littérature américaine

Les furies

« Le mariage est un tissu de mensonges. Gentils, pour la plupart. D’omissions. Si tu devais exprimer ce que tu penses au quotidien de ton conjoint, tu réduirais tout en miettes. Elle n’a jamais menti. Elle s’est contentée de ne pas en parler. »

La quatrième de couverture m’a intriguée et comme le thème du mois de mars du challenge « American Year » était sur le féminisme, je me suis lancée dans la lecture. Diantre ! Quelle aventure !

1991, Lancelot dict Lotto et Mathilde se rencontrent à l’université, ils sont beaux, d’un charme ravageur et sont follement amoureux l’un de l’autre, ils ont vingt-deux ans et la vie devant eux. Lotto a coupé les ponts avec sa famille, richissime, de Floride, mortifiant au plus haut point sa mère. Mathilde ne semble avoir aucune famille, aucune attache hormis un lien avec un galériste reconnu de New-York. Malgré le manque d’argent, ils se marient et vivent dans un petit appartement, en entresol, une vie de bohême et de passion. Lotto mène difficilement une carrière d’acteur de théâtre alors qu’il rêve de succès et de célébrité, Mathilde, sublime sylphide à la blondeur irréelle, l’encourage et décide de devenir l’ombre de son époux, de le dépouiller de tout aria matériel en revenant travailler dans la galerie d’art de son mentor. Dix ans passent, d’acteur, médiocre, Lotto est devenu un dramaturge au succès international grâce à sa sublime tragédie « Les Sources », Mathilde est toujours dans l’ombre, à l’encourager et le soutenir. Ils représentent le couple idéal, à l’alchimie extraordinaire et au partenariat dans faille. Sauf que….la perfection d’une formidable histoire d’amour peut cacher bien des secrets. Le meilleur ami de Lotto, le jumeau de sa première amante, pourrait devenir le grain de sable dans la belle machine huilée du succès.

Deux parties se distinguent dans « Les furies », je comprendrai alors dans la seconde la signification du titre. La première consacrée à la vie lumineuse, béate et merveilleuse du jeune couple magnifié par le succès rencontré par Lotto en tant qu’auteur de théâtre. Histoire d’une ascension sociale à l’américaine avec tout le glamour autour, un langage parfois cru, marque de fabrique de la littérature réaliste américaine. Et le héros qui cumule l’état dépressif, l’arrogance, agaçante, incapable de se démêler avec le quotidien, le tout dans le microcosme intellectuel new-yorkais (j’adore!) pour lequel la création artistique est au centre de tout projet. Là, l’ambiance est digne d’un film de Woody Allen des grandes heures. Tout est lisse, beau et pourtant quelque chose, en sourdine, ne tourne pas rond dans l’image parfaite du bonheur. La seconde partie, centrée sur la mariée, sur Mathilde, démonte, au fil des pages, tout l’édifice de la première. Les fissures apparaissent, ça craque, ça vacille, le vernis s’écaille dangereusement. L’autrice, Lauren Groff, provoque un véritable basculement dans l’intrigue au point d’en faire un thriller étonnant. Les points de vue changent avec un point commun : chaque événements est narrée de manière extérieure. Tout ce qui était lisse fait apparaître des aspérités plus ou moins grandes et obscures, les personnages deviennent plus complexes et par conséquent acquièrent une profondeur jubilatoire. Mathilde quitte son ombre de Pygmalion pour montrer combien elle a façonné Letto pour qu’il deviennent un dramaturge estimé et célèbre, combien le calcul a fait partie de sa vie dont quelques voiles sont levés ce qui apporte surprise sur surprise. La femme sculpturale s’efface devant la femme blessée qui telle une furie originelle accomplit sa révolution pour qu’elle accède à sa liberté. Une liberté dans la douleur d’un amour fusionnel que l’on tranche implacablement pour se sauver.

« Les furies » est le premier roman de Lauren Groff. L’écriture, souvent lyrique au risque d’en être trop maniérée, trop difficile, m’a décontenancée, surtout lors de la première partie de l’histoire. Puis, je me suis accrochée car Mathilde était trop lisse pour être honnête et que je voulais voir le voile de mystère se déchirer. Ce personnage m’a beaucoup intriguée car toujours à fleur de peau, au bord de la folie et de la fureur. Le calme n’est qu’apparent et c’est ce qui m’a permis d’aller au bout de la lecture. Puis la chenille est sortie de sa chrysalide et est devenue papillon, un papillon sombre doté de points lumineux … ceux d’une colère grandissante et d’un désespoir douloureux. L’épouse devient une femme à part entière, portée par les furies de la vengeance contre son parcours de vie, contre les hommes qui ont jalonné sa vie en étant implacables, voire impitoyables, avec elle. Je comprends les lecteurs qui émettent des réserves ou qui n’ont pas du tout aimé : « Les furies » est une histoire dérangeante, cruelle et malgré tout captivante.

Traduit de l’américain par Carine Chichereau

Quelques avis :

Babelio Hélène Chatelaine Viduité Les Inrocks

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British Mysteries·Côté polar·Le Mois anglais·Littérature anglaise

Agatha Raisin: Sale temps pour les sorcières

Agatha sort d’une enquête difficile au cours de laquelle une coiffeuse démoniaque lui a appliqué, par vengeance, une crème dépilatoire sur la chevelure. Notre Agatha en devient chauve et désespérée à l’idée de ne plus pouvoir reconquérir James Lacey. Elle décide de fuir Carsely pour se réfugier dans une station balnéaire, hors saison. L’hôtel où elle loge est le lieu de villégiature d’un groupe d’habitués âgés, les « vieux schnocks » pour notre héroïne, dont l’une des principales distractions est de jouer au scrabble. Ce qui est loin d’être la tasse de thé d’Agatha. Or, sa déprime n’échappe pas à l’une des habituées qui lui vante les mérites d’une sorcière, voyante de son état, ainsi que ses extraordinaires potions. Comme Agatha n’a plus rien à perdre, elle décide de prendre rendez-vous avec elle suite à une soirée dansante désastreuse à laquelle l’inspecteur Jimmy Jessop l’avait conviée.. une bourrasque malencontreuse ayant provoqué l’envol de sa perruque. C’est certain, la sorcière saura l’aider. A l’issue de l’entrevue, Agatha se retrouve avec deux flacons, un grand pour la repousse des cheveux, un petit contenant un philtre d’amour. C’est dire combien Agatha a perdu confiance en elle et en son avenir de femme.

Je vous passe les détails des péripéties dans lesquelles elle se débattra. Si ce n’est qu’une fois partie de chez la sorcière, cette dernière est retrouvée morte, assassinée. Qui en est l’auteur ? Rien de tel pour qu’Agatha ne renoue avec ses habitudes de détective. Assistée de l’inspecteur Jessop, qui a succombé à ses charmes grâce à quelques généreuses gouttes d’élixir d’amour qui ne lui était pas destiné, elle n’aura de cesse que de retrouver le meurtrier.

Bien entendu, il y aura des situations plus cocasses les unes que les autres. Bien sûr, Agatha aura l’art de se fourvoyer dans les méandres de l’enquête. Bien entendu, elle récoltera des confidences apportant de l’eau à son moulin et se verra organiser son mariage avec Jimmy Jessop. Bien sûr, il y aura un élément perturbateur en l’arrivée à l’hôtel du sémillant Sir Charles Fraith qui fera s’écrouler le château de cartes de ses illusions. L’insouciant baronnet n’a pas son pareil de surgir dans la vie d’Agatha au moment où elle doute le plus de sa féminité et où elle se jure de ne plus jamais, au grand jamais, être amoureuse de James Lacey.

J’ai apprécié cette enquête au cours de laquelle Agatha panse toujours ses blessures et doute sans cesse de ses charmes de cinquantenaire aux formes attirantes. Le fait qu’elle se retrouve, isolée, coincée dans un endroit qu’elle a choisi par défaut, que les occupations, en période hivernale, soient limitées, permet à l’auteure de mettre en avant l’épouvantable caractère de son héroïne. Retrouver la gouaille et les travers irritants d’Agatha est un moment joyeux pour la lectrice que je suis. Les personnages de l’intrigue sont des classiques dans le roman policier, au point qu’on a l’impression d’être dans un Cluedo avec un vieux colonel, une veuve, des vieilles filles et un sculpteur. Un brin de romantisme avec Jimmy Jessop, et là forcément on a du mal à croire Agatha crédible, d’ailleurs au fil des pages elle se rend compte qu’elle n’aime pas vraiment l’inspecteur.

Tout n’est pas formidable dans ce neuvième volet des enquêtes d’Agatha : il y a des longueurs donnant une vilaine sensation de tourner en rond ; James Lacey est présent en filigrane avec juste ce qu’il faut d’agacement quant à son attitude envers Agatha. On sent un frémissement positif : il souhaite ne pas la perdre totalement. Mais que cela devient longuet ce jeu du « Je t’aime, moi non plus » d’autant plus que la voyante qui succède à la sorcière assassinée prédit à Agatha qu’elle devra chercher son grand amour loin dans le nord.. mais quel nord ? Un indice ? Agatha doit partir pour le Norfolk où quelque chose la guidera.

Un détail m’a tout de même surprise : l’épouse du pasteur de Carsely, Mme Bloxby, la podération et la bonté même, met, légèrement, son grain de sel dans la relation tumultueuse de James et Agatha en cachant au premier que la seconde pense toujours à lui. Dans quel but ? Protéger Agatha de cruels tourments, certes, mais encore ! La suite dévoilera, peut-être, l’intention de Mme Bloxby. En attendant, j’ai quitté une Agatha dont le « cœur n’est plus qu’une plaie béante ». Sombrera-t-elle plus profondément dans le désespoir amoureux ? Aura-t-elle enfin sa part de bonheur ? Réponse, partielle à coup sûr, dans le prochain opus.

Traduit de l’anglais par Amélie Juste-Thomas

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Babelio Anne7500 Pedro Pan Rabbit Suzie Bénédicte

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En sortir 24 pour 2024·Le mois italien·Les classiques c'est fantastique·Littérature italienne

Inventaire d’une maison de campagne

Pour commencer la saison 5 des Classiques, c’est fantastique, le thème est « l’écrivain et la nature ». Pour l’illustrer j’ai choisi un classique italien, peu connu « Inventaire d’une maison de campagne » de Piero Calamandrei.

La vieillesse est un virage de l’existence, un de ses nombreux virages, son virage ultime avant la dernière ligne droite menant à un ailleurs, celui de tous les possibles éthérés.

Le narrateur, au crépuscule de sa vie, se penche sur ses souvenirs d’enfance, dans une maison de campagne en Toscane. Il observe le petit garçon qu’il a été et dont il conserve, au plus profond de son âme, l’image.

Que ce soit à Montepulciano ou à Montauto, les souvenirs du vieil homme m’ont emportée à la découverte des sous-bois, des prairies en fleurs, des arbres propices à la construction de cabane isolée du monde des adultes, du soleil brillant sur une campagne endormie avant les moissons et les labours. Le jeune garçon s’éveille aux beautés du monde avec la grâce de l’ennui et celle de l’insouciance juvénile. Le temps traîne ses pas comme s’il ne souhaitait pas que l’été se déroule trop vite vers l’automne. Le monde est contenu dans le jardin qu’il explore au fil des semaines.

Tout est émerveillement : le jardin secret gardé par des statues oubliées, la cueillette des premiers champignons après les pluies estivales dans les sous-bois. Ô que les scènes sont belles et parfois cruelles lorsque, ravi d’avoir trouvé une magnifique oronge, le jeune Piero s’aperçoit que les autres cueilleurs ont ratissé les bois et rempli leurs paniers. Ô les sorties à la foire en charrettes ornées, allant moins vite que les piétons aguerris mais permettant une proximité corporelle entre jeunes gens et jeunes filles. Ô les leçons dispensées par le grand-père et la récompense au bout des efforts, l’eau de miel. Ô les trésors accumulés par l’aïeul dans son bureau, véritable cabinet de curiosités pour un jeune garçon, les étiquettes innombrables, les bouteilles aux formes étranges et belles, les clefs égarées de trousseaux antédiluviens, les livres rayonnants sur les étagères des bibliothèques, tout un univers de savoirs mystérieux au pouvoir de faire émerger un imaginaire débordant de créativité. Ô les jeux avec l’oncle Domenico resté dans l’enfance malgré ses cheveux gris, compagnon sans faille lors des repas en famille.

La vie, sous les chants des oiseaux bavards, s’écoule lentement dans la douceur toscane, charriant un art de vivre précieux et intime. Il ne se passe rien, sans doute … peut-être…., pour un regard inattentif, cependant la contemplation, expurgée de la naïveté de l’enfance, permet l’explosion des souvenirs, le voyage intérieur qui façonne l’être mature que chacun devient. Chaque pas dans le passé est un pas dans une nature omni présente, une nature bienveillante, une nature avec sa part de mystère. Le jeune garçon y est sensible tout comme le vieil homme qu’il est devenu.

« Inventaire d’une maison de campagne » de Piero Calamandrei est une ode joyeuse, malgré la nostalgie qui se dégage du récit, à la vie, à une Toscane immuable dans ses rituels saisonniers. L’auteur, en toute simplicité, offre un voyage dans son intériorité, lui qui fut antifasciste et participa à l’élaboration de la Constitution italienne. En dévidant le fil de ses souvenirs d’enfance, tel un cadeau fait aux siens et à ses amis, il évoque le sens de l’histoire et la responsabilité que cela exige.

L’écriture est d’une beauté à couper le souffle tant par sa poésie que par toutes les émotions qu’elle fait surgir… comme l’impermanence de l’existence non pas par la floraison des cerisiers mais par le surgissement éphémère des champignons.

« L’inventaire d’une maison de campagne » est un récit autobiographique qui apporte douceur et rêverie… en un mot comme en mille, sa lecture est apaisante et bienfaisante.

Traduit de l’italien par Christophe Carraud

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Chat m'plaît·chatperlipopette's chat-lon·Le Mois anglais

Le Mois anglais, 13ème édition

Il y a eu comme un voile sombre fin mai car nombre d’entre nous se demandaient si Le Mois anglais, l’officiel, aurait lieu. D’autant plus qu’un membre du groupe FB avait mis en avant le fait qu’il n’y avait pas « photo » entre l’officiel et l’autre qui le devançait largement dans le comptage des vues sur Insta. Pour ma part, un nombre de vues écrasant n’est pas un argument pour me faire changer de « crèmerie », aussi restai-je fidèle à nos magnifiques organisatrices qui ont entendu les inquiétudes d’Irène et de celles des fidèles du RDV de juin dont je fais partie depuis 2020. Merci à Lou, Titine et Cryssilda de nous emmener, en toute liberté, en Angleterre. La treizième édition se place sous le signe de la liberté la plus totale dans nos choix à condition de rester en Albion.

On peut participer sur les blogs, sur le groupe Facebook du Mois anglais et sur Intagram, compte @lemoisanglaisofficiel et #lemoisanglais. Les organisatrices conseillent aux participantes et participants de taguer et d’utiliser le fameux # pour les aider à suivre tout le monde. Comment faire pour être visible? Déposer le lien des chroniques sur les blogs de Martine (Titine) et de Lou.

Le programme, le programme, le programme! Bah, il n’y en a pas car c’est nous qui le mettons en place puisque c’est liberté totale! Si nous avons des lectures, des photos-souvenir d’endroits visiter à partager, des coups de coeur artistiques, musicaux, cinématographiques…, des recettes so british à réaliser, faisons-nous plaisir et alimentons le groupe FB, nos blogs, et les pages Insta.

Les visuels sont arrivés, Irène dite la belette, est toujours aussi créative, et peuvent être utilisés pour animer nos chroniques.

Bon Mois anglais… enjoy!

Mes prévisions de lecture:

Côté cuisine:

  • Le Carrot cake
  • Scones salés végétaliens

Côté visionnage:

  • La saison 3 des « Chroniques de Bridgerton »
  • La Reine Charlotte