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La malédiction de Satapur

Inde, 1922, Perveen Mistry a rejoint le cabinet d’avocats de son père et devient ainsi la première femme avocate cependant sans pouvoir plaider au tribunal. Aussi quand une malédiction s’abat sur la famille royale, dans un état princier fictif des Ghats , le Satapur, qui pratique la purdah, c’est à dire la séparation stricte des hommes et des femmes, Perveen est la seule à pouvoir enquêter sur place. Quelle est cette malédiction ? Le maharadjah et son fils aîné sont morts dans des circonstances curieuses et énigmatiques, laissant seules la maharani douairière et la veuve veiller sur prince héritier et sa sœur. Les deux femmes se disputent la primauté sur l’éducation du jeune garçon, la jeune veuve souhaitant, pour éloigner son fils de l’ambiance délétère, qu’il aille étudier en Angleterre. Perveen devra naviguer entre luttes de pouvoir, défiance envers l’autorité britannique et secrets bien gardés, aidée par Colin Sandringham le représentant de l’Agence  de Kolhapur (agence qui a autorité vingt-cinq États princiers et féodaux de l’Inde occidentale dont les fonctionnaires sont des agents politiques et des résidents maintenant les relations entre les deux entités.) afin de parvenir à protéger les enfants royaux.

J’ai retrouvé avec joie le personnage de Perveen, jeune femme courageuse et moderne, luttant contre les préjugés d’une société patriarcale d’une part et pour les droits civiques des habitants de l’Inde, elle fait partie Congrès National Indien et est une adepte des enseignements d’un certain Gandhi.

J’ai apprécié les déplacements dans la jungle bruissante des bourdonnements d’insectes, des cris d’oiseaux et de fauves, odorante de fleurs et de fruits. La nuit tombe rapidement, le brouillard enveloppe la région au petit matin rendant encore plus mystérieux et inquiétant les paysages montagneux. Les villageois peuvent être brusques et secrets ce qui ajoute au malaise général. Perveen doit faire face à tout cela et surtout doit surmonter son attirance envers l’agent britannique, l’intrigant Colin Sandringham, estropié de la Grande Guerre.

J’ai aimé quitter Bombay avec Perveen pour me retrouver en Inde du nord, dans les montagnes et la jungle qui jamais ne dort. La présence des fauves est palpables mais sont-ils les plus dangereux ? Découvrir un autre visage et d’autres traditions de cet immense pays fut très intéressant ce qui a compensé l’absence de la meilleure amie de l’héroïne, celle qui apporte dérision et humour so british.

« La malédiction de Satapur » fut agréable à lire. Me retrouver dans un palais désert, quelque peu décrépi, aux vestiges d’une époque regorgeant de soirées, de dîners, de spectacles de danses traditionnelles, fut ensorcelant. Les fantômes d’un faste oublié sont présents, les couloirs et escaliers jonchés parfois de feuilles et de fleurs fanées, apportent une dimension mélancolique à une période révolue. La modernité est en marche même au cœur des montagnes reculées.

Sujata Massey sait décrire les atmosphères, les paysages qui prennent corps et ampleur au fil de la lecture. Elle prend, également, un malin plaisir à pousser dans ses derniers retranchements son héroïne, Perveen Mistry, la fait quitter à plusieurs reprises sa zone de confort et l’amène à s’interroger sur sa situation matrimoniale, à savoir son statut de femme mariée ayant quitté son époux au mépris de toutes les conventions, sans pour autant être divorcée.

Traduit de l’anglais par Aurélie Tronchet

Quelques avis :

Babelio Toile de mots Mylène Scarlett Une souris et des livres Pestoune Cécilia Hilde

Lu dans le cadre

6 commentaires sur “La malédiction de Satapur

  1. J’avoue avoir eu plus de mal avec ce tome…..l’histoire secondaire prenait trop de place…..je ne vais pas me lancer dans le 3eme d’ailleurs….car on y devine la fin…..style Harlequin quoi….;)…

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  2. C’est l’impression que tu as? Une fin style Harlequin? Au début du roman, j’avais l’impression que l’histoire avait du mal à se mettre en route. Puis, je me suis laissée porter par les pas du personnage principal. J’avais peur que l’histoire tombe dans le mièvre, au final non. Du moins est-ce mon ressenti.

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    1. Pour le cote Harlequin Je parlais pour le 3eme….

      Et pour le 2eme: oui cela ne m’a convaincue….c’etait tellement couru d’avance que l’anglais et l’indienne vont tomber amoureux….c’est un cercle que l’on retrouve toujours….et personnellement cela m’enerve…..heureusement qu’il y avait le cote de la societe indienne (bien qu’a mon gout cela repetait un peu le premier tome)….bref je n’irais pas lire le 3eme….;)

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  3. J’ai préféré le premier tome, les thèmes étant similaires dans celui-ci et pour le troisième tome, certes il y a le retour de Colin mais cela participe à la question autour des unions mixtes, quelle soit entre Anglais et Indien ou entre Indiens de castes différentes

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